Singulier ou pluriel des noms coordonnés en complément du nom
Un nom peut avoir comme complément un couple de noms coordonnés. Ces deux noms, joints par un trait d’union ou une barre oblique, ne s’accordent pas avec le nom qu’ils complètent. C’est plutôt le sens qui détermine le nombre de chacun d’eux.
Couples de noms en relation de coordination
Il arrive que deux noms unis par un trait d’union soient postposés à un autre nom, qu’ils déterminent.
- Ce soir, Amina et Luc regarderont la partie Canadiens-Sénateurs.
- Ce livre renforce la solidarité homme-femme et enterre la hache de la guerre des sexes.
- Ce cycliste a parcouru le trajet Québec-Montréal en deux jours.
De tels enchaînementsSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : enchainements. s’analysent comme des constructions réduites dans lesquelles les deux noms liés par le trait d’union entretiennent une relation de coordinationLien syntaxique permettant de joindre par un coordonnant deux éléments (mots, groupes de mots ou phrases) qui ont la même fonction.. En effet, on pourrait ainsi paraphraser les exemples précédents : la partie dans laquelle s’affrontent les Canadiens et les Sénateurs, le fossé entre l’homme et la femme, le trajet entre Québec et Montréal.
Variation en nombre des couples de noms
Ces noms coordonnés ne s’accordent pas directement avec le nom qu’ils caractérisent, comme le ferait un adjectif.
En réalité, il n’y a pas de règle absolue qui détermine si l’un ou l’autre des deux éléments se met au singulier ou au pluriel. C’est le sens qui indique si les réalités qui leur sont associées sont uniques ou multiples.
- Dans cette famille nombreuse, la relation parents-enfants est harmonieuse.
- Cette pièce de théâtre mettra en vedette un trio mère-filles.
- Dans cette école, la complicité direction-enseignants contribue grandement à la réussite des élèves.
Il semble aller de soi que les deux noms sont au singulier quand ils désignent une matière, une notion abstraite ou une réalité qu’on ne peut dénombrer.
- Ces pièces de monnaie sont faites d’un alliage cuivre-nickel.
- Elle entretient un rapport amour‑désamour avec cet homme.
- Pour décorer vos brioches, saupoudrez-les d’un mélange sucre-cannelle.
Mais puisque le singulier a une valeur générique que n’a pas le pluriel, il est toujours possible de laisser au singulier les deux noms coordonnés par le trait d’union. Ces noms évoquent alors des notions considérées dans toute leur généralité.
- Les travaux de cette psychologue portent sur l’attachement parent-enfant.
- Cette animalière souhaite approfondir ses connaissances sur les interactions homme-animal.
Emploi de la barre oblique
La barre oblique est parfois utilisée, plutôt que le trait d’union, pour joindre les deux noms. Cela n’est pas forcément fautif. La barre oblique est à la fois un signe d’association et d’opposition. Ainsi, dans certains contextes, on peut s’en servir pour mettre l’accent sur le fait que les deux noms accolés représentent les pôles opposés dans une relation symétrique.
- La rivalité Canadiens-Nordiques a longtemps soulevé la passion des Québécois. (ou : la rivalité Canadiens/Nordiques)
L’emploi de la barre oblique est cependant réservé aux associations d’éléments qui sont temporaires. Notons que, dans les constructions temporaires, l’ordre des termes est souvent plus libre.
- L’idylle Chloé/François dure-t-elle encore? (plutôt que : L’idylle Chloé-François)
- Rénover soi-même sa maison peut être un défi d’équilibre corvées/divertissement. (plutôt que : d’équilibre corvées-divertissement)
Dans les constructions qui ont acquis une certaine permanence, les deux noms sont liés par le trait d’union.
- Laquelle de ces voitures offre le meilleur rapport qualité-prix? (plutôt que : le rapport qualité/prix)
- Cet article de presse traite de la conciliation travail-famille. (plutôt que : la conciliation travail/famille)