Formation de l’adjectif au féminin
En plus de varier en nombre (singulier ou pluriel), l’adjectif varie en genre : il peut être masculin ou féminin. Pour mettre un adjectif au féminin, on ajoute généralement un -e à sa forme masculine. Cependant, il existe aussi des adjectifs dont la forme ne varie pas en genre et d’autres encore qui obéissent à des règles particulières.
Règle générale : ajout d’un -e
Généralement, pour former le féminin d’un adjectif, il faut ajouter un -e à la fin de l’adjectif au masculin.
- un ara bleu / une peur bleue
- un concours canin / une éducatrice canine
- un climat équatorial / une forêt équatoriale
- un être falot / une lueur falote
- un menton fort / une relation forte
- un grand prix / une grande horloge
- un engagement partisan / une lutte partisane
Plusieurs adjectifs sont tirés d’un participe passé.
- un comédien engagé / une agronome engagée
- un jardin fleuri / une prairie fleurie
- le plan prévu / la fin prévue
Certains viennent d’un participe présent.
- un vert brillant / une plume brillante
- un cœur aimant / une nature aimante
- un environnement reposant / une lumière reposante
On place un tréma sur le e lorsqu’on forme le féminin des adjectifs aigu, ambigu, bégu, contigu et exigu. Conformément aux rectifications de l’orthographe de 1990, le tréma peut aussi se placer sur le u.
- un angle aigu / une conscience aiguë
- un personnage ambigu / une formulation ambiguë
- un bureau contigu / une chambre contiguë
- un couloir exigu / une chapelle exiguë
- un cheval bégu / une jument béguë
Aucun changement
Les adjectifs se terminant par un -e ont la même forme au masculin et au féminin. Ce sont des adjectifs épicènesSe dit d’un mot désignant ou caractérisant une personne et qui a la même forme aux genres masculin et féminin. Par exemple : bibliothécaire, habile..
- un compte bancaire / une conseillère bancaire
- un épisode drôle / une réplique drôle
- un jeune couple / une jeune pousse
- un vide juridique / une valeur juridique
Un certain nombre d’adjectifs sont invariables en genre (et parfois en nombre aussi), notamment des emprunts ou des noms en emploi adjectival.
- un emballage antichoc / une montre antichoc
- le français cajun / la cuisine cajun
- un quartier chic / une soirée chic
- un pantalon kaki / une robe kaki
- un format standard / une version standard
- un camion tout-terrain / une moto tout-terrain
- un temple zen / une méditation zen
Règles particulières
Doublement de la consonne finale et ajout d’un -e
Avec certains adjectifs, on doit doubler la consonne finale du masculin et ajouter un -e pour former le féminin.
C’est le cas des adjectifs se terminant par -as, -is et -os, sauf ras (rase) et les adjectifs en -ais (qui suivent la règle habituelle et font -aise).
- un prix bas / une table basse
- un conte métis / une identité métisse
- un gros doute / une grosse machine
C’est aussi le cas des adjectifs en -en, -ien et -on.
- un chiffre d’affaires moyen / une croissance annuelle moyenne
- un bain quotidien / une mise à jour quotidienne
- un bon résultat / une bonne idée
Mais pour lapon, letton et nippon, deux féminins sont possibles, avec ou sans redoublement de la consonne finale. Cette dernière possibilité est notamment privilégiée par les rectifications de l’orthographe de 1990.
- un garçon lapon / une chouette laponne ou lapone
- un athlète letton / la culture lettonne ou lettone
- un art nippon / la littérature nipponne ou nippone
Pour les adjectifs en -eil, -el, -il et -ul, on doit aussi doubler la consonne finale et ajouter un -e.
- un cas pareil / une chose pareille
- un serment solennel / une déclaration solennelle
- un gentil fantôme / une gentille sorcière
- un score nul / une inflation nulle
La majorité des adjectifs en -et ainsi que quelques adjectifs en -ot (essentiellement boulot, jeunot, pâlot, sot et vieillot) doublent aussi la consonne finale au féminin avant l’ajout du -e.
- le cinéma muet / une consonne muette
- un décor vieillot / une allure vieillotte
Mais quelques adjectifs qui se terminent par -et au masculin ont une finale en -ète au féminin : ce sont principalement (in)complet, concret, désuet, (in)discret, inquiet, replet et secret.
- l’article complet / l’œuvre complète
- un code secret / une agente secrète
Remplacement de la consonne finale et ajout d’un -e
La finale des adjectifs en -f devient -ve; la finale -c devient -que.
- un peintre naïf / une question naïve
- un bref séjour / une brève description (avec ajout de l’accent grave)
- un espace public / une place publique
- un feuillage caduc / une loi caduque
La finale en -x devient -se ou -sse.
- un ciel ombrageux / une humeur ombrageuse
- un œil jaloux / une âme jalouse
- un faux pas / une fausse information
- du sucre roux / une lune rousse
- sauf : un mot doux / une eau douce
Pour un nombre très restreint d’adjectifs en -eau, la finale devient -elle (voir aussi beau et nouveau plus bas).
- un frère jumeau / une montagne jumelle
- le bassin manceau / la course mancelle (du Mans)
- le dialecte tourangeau / la région tourangelle (de la Touraine)
La finale -er devient quant à elle -ère; la finale -ier devient -ière.
- un navire étranger / une investisseuse étrangère
- un centre hospitalier / une cité hospitalière
Enfin, la finale -teur devient -trice ou ‑teuse, parfois -eresse.
- un emploi rémunérateur / une activité rémunératrice
- un insecte sauteur / une scie sauteuse
- un sourire enchanteur / une voix enchanteresse (plus rarement, enchanteuse)
La finale -eur devient généralement -euse. Quelques finales sont en -eure ou -eresse.
- un esprit joueur / une équipe joueuse
- le camp vainqueur / la compétitrice vainqueuse ou vainqueure
- le meilleur grimpeur / la meilleure garantie
- le coin supérieur / la lèvre supérieure
- un bras vengeur / une main vengeresse (plus rarement, vengeuse)
Ajout d’une consonne et d’un -e
Il faut parfois ajouter une consonne avant le -e pour former le féminin d’un adjectif.
- un poulain andalou / une ville andalouse
- leur sport favori / leur destination favorite
- un jeu rigolo / une anecdote rigolote
Cas particuliers
Les règles énoncées ci-dessus admettent des exceptions. En effet, la formation du féminin de divers adjectifs implique, par exemple, l’ajout de plusieurs lettres ou un changement de finale.
- un ours blanc / une oie blanche
- un profil grec / la mythologie grecque
- un long silence / une longue histoire
- le monde paysan / l’agriculture paysanne
- un abricot sec / une herbe sèche
- un symptôme bénin / une faute bénigne
- du gingembre frais / une nuit fraîche (ou, selon les rectifications de l’orthographe : fraiche)
- un air malin / une fée maligne
- un pays tiers / une tierce personne
Certains adjectifs masculins varient de forme. Ainsi, à la place des adjectifs beau, fou, mou, nouveau et vieux, on emploie bel, fol, mol, nouvel et vieil devant un nom masculin qui commence par une voyelle ou un h muet. À partir de cette dernière forme, le féminin se forme par doublement de la consonne finale et ajout d’un -e.
- un beau temps, un bel exemple / une belle occasion
- un amour fou, un fol espoir / une vitesse folle
- un caramel mou, un mol oreiller / une carapace molle
- un nouveau modèle, un nouvel habitant / une nouvelle génération
- un vieux port, un vieil adage / une vieille légende