Valeur modale du conditionnel
Par sa valeur modale, le conditionnel exprime une action possible ou hypothétique. Il permet ainsi d’évoquer des faits incertains ou qu’on ne veut pas présenter comme certains ou réels.
Le conditionnel exprimant l’incertitude
On emploie le conditionnel ainsi pour exprimer des réserves sur ce que l’on affirme. Cet emploi du conditionnel est courant dans la presse pour présenter une information sous toutes réserves, en se dégageant de toute responsabilité quant à la véracité de l’information. La source de l’information à confirmer est parfois introduite par la préposition selon ou par la locution d’après.
- Selon la rumeur, le président annoncerait la fusion demain.
- D’après Marcelle, un comité se pencherait bientôt sur cette question.
- La ministre aurait embauché un nouvel attaché politique.
- Quatre personnes auraient été retenues pour passer à la finale.
Le conditionnel exprimant la politesse
Le conditionnel s’utilise également pour atténuer un conseil, une demande ou un ordre. Son emploi est alors une marque de politesse, la demande ou l’ordre étant sentis moins pressants puisqu’ils sont évoqués comme des possibilités. L’emploi du présent ou du futur dans ce contexte est aussi possible; cependant, ces temps rendent le conseil, la demande ou l’ordre plus catégoriques.
- Il faudrait repeindre cette pièce. (comparé à : Il faut ou il faudra repeindre cette pièce)
- Tu ferais mieux de lui déclarer ton amour.
- Je souhaiterais vous rencontrer lorsque vous aurez un peu de temps.
- Pourriez‑vous me prêter un crayon, je vous prie?
- Accepterais‑tu de remettre ce livre à Juan de ma part?
- Je vous conseillerais de vous adresser à madame Poulin pour une telle demande.
- J’aurais aimé vous parler de mon projet.
- Vous auriez dû préciser votre pensée.
- Vous n’auriez pas vu Élise?
Le conditionnel exprimant la concession
On emploie au conditionnel le verbe savoir précédé de la négation ne et suivi d’un verbe à l’infinitif. Savoir peut alors être remplacé par le verbe pouvoir au présent; encore une fois, le conditionnel permet ainsi d’atténuer l’affirmation par rapport au présent. Dans ce contexte, on sous-entend une concession plutôt qu’une condition.
- Je ne saurais refuser une telle offre. (ou encore : Je ne peux pas refuser une telle offre.)
- Il ne saurait se passer de son café matinal. (ou encore : Il ne peut pas se passer de son café matinal.)
Le conditionnel exprimant la surprise ou l’agacement
Le conditionnel peut aussi exprimer l’étonnement ou l’indignation dans une phrase exclamative ou interrogative. Dans ce contexte, on emploie le conditionnel pour évoquer des faits qui se déroulent au présent parce qu’on refuse de les considérer comme vrais ou réels; le conditionnel les maintient dans le domaine de l’hypothétique.
- Tu accepterais de m’accompagner à l’aéroport!
- Vraiment, elle aurait parlé de moi!
- Maher habiterait maintenant à Rimouski?
- Aurais‑tu gagné le concours?
Le conditionnel exprimant l’imaginaire
Enfin, le conditionnel peut exprimer des événements imaginaires. C’est le cas lorsque les enfants l’emploient pour définir les conventions d’un jeu de rôle. Le conditionnel présent met alors en scène un présent imaginaire, tandis que le conditionnel passé met en scène un passé fictif.
- Toi, tu serais la mère, et moi, le bébé qui aurait été abandonné par ses parents.
- On serait des grands explorateurs et on serait perdus dans la jungle.
- Je savais ce que je deviendrais. Je serais un grand musicien, j’aurais donné des concerts dans les plus grandes villes du monde et je serais célèbre.