Généralités sur le conditionnel
Longtemps présenté comme un mode, le conditionnel est maintenant considéré par la majorité des linguistes et grammairiens comme un temps du mode indicatif.
La différence entre mode et temps n’est pas toujours clairement établie et expliquée dans les grammaires, car plusieurs temps grammaticaux ont aussi des valeurs modalesDegré de certitude, de possibilité ou de nécessité qu’exprime un verbe. Par exemple, reviendrait exprime une hypothèse dans il reviendrait demain.; c’est le cas du conditionnel, bien sûr, mais aussi du futur et de l’imparfait de l’indicatif. Le fait que le conditionnel ait des valeurs modales n’est donc pas une raison suffisante pour en faire un mode puisque, à ce compte, le futur et l’imparfait devraient eux aussi être des modes.
Similarités avec le mode indicatif
Les désinences du conditionnel, c’est-à-dire les finales des différentes formes qu’il peut prendre selon la personne, montrent clairement sa parenté avec le mode indicatif. Ces désinences comportent le -r‑, marque propre de l’époque future et qu’on trouve aussi dans le futur simpleTemps exprimant une action ou un état à venir par rapport au moment présent. Par exemple : nous irons au cinéma demain.. Ce -r- est suivi des mêmes désinences que les formes de l’imparfait : -ais, -ais, -ait, -ions, -iez et -aient. Le conditionnel est donc un proche parent du futur simple et de l’imparfait de l’indicatif.
Valeur hypothétique du conditionnel
Comme le futur, le conditionnel décrit une action qui n’a pas eu lieu. En fait, le conditionnel est plus précisément un futur hypothétique. Bien sûr, tout événementOn peut aussi écrire : évènement. futur est en soi hypothétique, puisqu’on ne peut être certain qu’il se produira. Cependant, le conditionnel a une surcharge d’hypothèse, exprimée explicitement ou non, par rapport au futur simple. La réalisation d’une action est donc plus hypothétique lorsqu’elle est exprimée au conditionnel que lorsqu’elle est exprimée au futur simple. Il suffit de comparer les exemples suivants pour s’en convaincre.
- J’ai acheté un livre que tu aimeras. (l’action d’aimer se produira dans le futur)
- J’ai acheté un livre que tu aimerais. (l’action d’aimer pourrait se produire sous certaines conditions)
- Il est tellement naïf : il croira n’importe quoi. (quand on lui dira)
- Il est tellement naïf : il croirait n’importe quoi. (si on lui disait)
Action subordonnée à une condition
L’action évoquée au conditionnel est donc toujours soumise à une condition, qui peut demeurer sous-entendue dans le contexte. C’est le cas entre autres lorsque le conditionnel exprime un désir, un souhait ou un regret.
- Je prendrais bien une semaine de vacances. (condition sous-entendue : si j’avais le temps, si mon travail me le permettait)
- Nous serions allés au cinéma hier soir, mais Christian a dû travailler plus tard que prévu. (condition sous-entendue : si Christian avait été disponible)
- Cela me ferait plaisir de te revoir. (condition sous-entendue : si l’occasion se présentait)
- J’aimerais bien apprendre à jouer du violoncelle. (condition sous-entendue : si j’avais le temps, si je le pouvais)