Conditionnel dans les phrases hypothétiques
L’emploi le plus courant du conditionnel dans sa valeur modale est sans doute dans les phrases hypothétiques. La phrase subordonnée (introduite par si) représente la condition, et la phrase autonome, la conséquence.
Le conditionnel étant apte, par sa valeur modale, à exprimer le possible ou l’hypothétique, on l’emploie souvent pour évoquer des actions dont la réalisation dépend d’une ou de plusieurs conditions, ces conditions pouvant être explicites ou sous-entendues.
Quand le verbe de la subordonnée introduite par si est à l’imparfait, le verbe de la principale est au conditionnel présent; ce verbe exprime alors le potentiel, donc ce qui pourrait arriver dans le présent ou dans l’avenir si la condition était satisfaite.
- S’il m’invitait à souper un jour, j’accepterais sans hésiter.
Si le verbe de la subordonnée est au plus-que-parfait, le verbe de la principale est au conditionnel présent si l’on évoque une action possible, ou au conditionnel passé, le verbe exprime alors l’irréel, c’est-à-dire ce qui ne s’est pas réalisé parce que la condition n’a pas été satisfaite.
- Si tu étais déjà allé à Londres, tu comprendrais ce que je veux dire.
- Si tu avais été attentif, je n’aurais pas eu besoin de répéter.
Si exprime une condition
Une erreur fréquente consiste à utiliser le conditionnel après si dans la subordonnée exprimant la condition, par exemple : Je viendrais si tu voudrais. Cette erreur est logique, en quelque sorte, puisque les deux événementsOn peut aussi écrire : évènements. représentés par les verbes sont hypothétiques.
Cependant, en français, le tempsCaractère associé au verbe, situant le moment de l’action ou de l’état exprimé. Par exemple : l’imparfait, le futur simple, le passé composé. des verbes d’une phrase hypothétique construite avec si respecte l’ordre chronologique condition-conséquence. La condition venant avant la conséquence, elle ne peut être qu’au passé ou au présent (et non au conditionnel ou au futur). La conséquence, elle, ne peut être qu’au futur, qu’il s’agisse du futur simple, du futur antérieur, du conditionnel présent ou du conditionnel passé, ou d’un présent à valeur de futur.
- Si Mélanie oubliait mon anniversaire, je lui pardonnerais. (et non : Si Mélanie oublierait mon anniversaire, je lui pardonnerais.)
- Me réveillerais‑tu si je m’endormais? (et non : Me réveillerais-tu si je m’endormirais?)
- Même s’il me promettait d’être là, j’aurais encore un doute. (et non : Même s’il me promettrait d’être là, j’aurais encore un doute.)
Si introduit une interrogation indirecte
On peut toutefois utiliser le conditionnel après si lorsque ce subordonnantMot ou groupe de mots invariable dont le rôle est de lier une phrase subordonnée à une autre phrase ou à un groupe de mots dont elle dépend, et d’indiquer la nature du lien qui les unit. Par exemple : qui, quand, afin que, au point que. introduit une interrogation indirecte plutôt qu’une condition.
- Nous aimerions savoir si vous seriez disposée à entrer en fonction le mois prochain. (Nous aimerions savoir : Seriez-vous disposée à...)
- On ne saura jamais s’ils auraient pu gagner. (On ne saura jamais : Auraient-ils pu gagner?)
- Je lui ai demandé s’il voudrait me remplacer. (Dans cette phrase, l’imparfait serait lui aussi correct, mais le sens ne serait pas exactement le même.)
Si exprime une concession
De même, dans une proposition relative introduite par si qui exprime non pas une condition, mais une concession, le verbe peut être au conditionnel ou au futur.
- Si l’on ne saurait affirmer hors de tout doute qu’il pleuvra, on peut assurément dire que le ciel sera couvert.
- Si cela semblera toujours incroyable à plusieurs, il n’en reste pas moins que c’est la pure vérité.