Valeur temporelle du conditionnel
Lorsqu’une phrase comprend un verbe à l’un des temps du passé et un verbe au conditionnel, le second évoque quelque chose qui se passe dans le futur par rapport au premier. C’est pourquoi cet emploi se nomme souvent le futur du passé.
On emploie le conditionnel avec une valeur temporelle pour évoquer un événementOn peut aussi écrire : évènement. futur par rapport à un événement situé dans le passé. Le verbe au conditionnel est alors employé en corrélation avec un verbe au passé (à l’imparfait, au passé simple, au passé composé ou au plus-que-parfait de l’indicatif), de la même façon que le futur simple est employé en corrélation avec un verbe au présent dans des contextes similaires.
- Sara a appris hier que son frère l’accompagnerait chez ses parents. (comme on aurait dans un contexte au présent : Sara apprend que son frère l’accompagnera chez ses parents.)
- Felipe avait déjà compris que sa passion captiverait ses collègues de travail. (comme on aurait dans un contexte au présent : Felipe comprend que sa passion captive ses collègues de travail.)
Le conditionnel passé et le conditionnel présent
On emploie aussi le conditionnel passé en corrélation avec un verbe au passé de la même façon que le futur antérieur est employé en corrélation avec un verbe au présent.
- Sannie croyait que Frédéric serait parti du bureau à cette heure. (comme on aurait dans un contexte au présent : Sannie croit que Frédéric sera parti du bureau à cette heure.)
- Luc ne pensait pas qu’il aurait terminé de lire son livre avant la fin de la journée. (comme on aurait dans un contexte au présent : Luc ne pense pas qu’il aura terminé de lire son livre avant la fin de la journée.)
Dans des contextes semblables, le conditionnel présent évoque une action future en cours d’accomplissement, alors que le conditionnel passé évoque une action future accomplie. Le conditionnel ne sous-entend alors généralement pas l’idée d’une condition, même si l’on peut y percevoir une nuance de possibilité.
- Sannie croyait que Frédéric partirait du bureau à cette heure. (comme on aurait dans un contexte au présent : Sannie croit que Frédéric partira du bureau à cette heure.)
- Luc ne pensait pas qu’il terminerait de lire son livre avant la fin de la journée. (comme on aurait dans un contexte au présent : Luc ne pense pas qu’il terminera de lire son livre avant la fin de la journée.)
Le conditionnel dans le discours rapporté indirect
Le conditionnel a aussi une valeur temporelle dans les phrases subordonnées dans le discours rapporté indirect, où l’on rapporte des paroles, des écrits ou des pensées de quelqu’un; ces phrases dépendent alors d’une phrase autonome dont le verbe est au passé. Si l’on avait employé le discours rapporté direct, le verbe n’aurait pas été au conditionnel, mais plutôt au futur.
- François a affirmé qu’il ne voterait que selon sa conscience. (en discours rapporté direct : François a affirmé : « Je ne voterai que selon ma conscience. »)
- Selma disait souvent qu’elle travaillerait toute sa vie dans cette entreprise. (en discours rapporté direct : Selma disait souvent : « Je travaillerai toute ma vie dans cette entreprise. »)
Le conditionnel dans le discours rapporté indirect libre
Enfin, on emploie la valeur temporelle du conditionnel dans le discours rapporté indirect libre. Le conditionnel figure alors dans une phrase autonome, mais il est toujours lié à un verbe au passé, qui figure lui aussi dans une phrase autonome. Encore une fois, si l’on remplaçait le verbe au passé par un verbe au présent, le verbe au conditionnel serait plutôt au futur.
- Georges ne pouvait s’empêcher de penser à Kim. Serait‑elle de retour ce soir? (dans un contexte présent, on aurait : Georges ne peut s’empêcher de penser à Kim. Sera-t-elle de retour ce soir?)
- Il sortit précipitamment. Il ne reviendrait pas de sitôt. (on pourrait aussi dire : Il savait qu’il ne reviendrait pas de sitôt.)