Emploi du m devant les consonnes m, b et p
Du point de vue phonétique, le français compte quatre voyelles nasales (ou sons nasaux) : [ẽ] (in), [ã] (an), [ɔ̃] (on) et [œ̃] (un). À l’écrit, ces quatre voyelles sont transcrites par une ou deux voyelles graphiques (a, e, i, o, u, y) suivies d’un n ou d’un m (par exemple : pin, plein, lent, rang, long, brun, synthèse, champ, emporter).
Voyelle nasale avec n
Le n, qui n’est pas prononcé, sauf en cas de liaison, représente le caractère nasal de la voyelle qui précède.
Voyelle nasale avec m
Dans l’orthographe d’un mot, lorsqu’une voyelle nasale est immédiatement suivie d’un m, d’un b ou d’un p, on utilise un m plutôt qu’un n pour représenter le caractère nasal de la voyelle. Cette règle s’applique également lorsque la voyelle nasale est suivie d’un b ou d’un p muet.
- Il lisait dans sa chambre lorsque l’ampoule de la lampe a grillé.
- N’oublie pas d’apposer un timbre sur l’enveloppe, c’est important.
- On aurait dit un coup de cymbale.
- Maryse a toujours été une personne humble.
- Elina et son compagnon ont préféré se reposer à l’ombre.
- Julie aurait aimé passer plus de temps au camp de vacances.
- Ivan utilise un crayon de plomb pour réaliser ses œuvres.
Il y a certaines exceptions à cette règle. Bon et main conservent leur n lorsqu’ils entrent dans la formation d’un nom composé. On écrit donc bonbon, bonbonnière, embonpoint, mainmise et, dans la langue juridique, mainmorte. On écrit aussi perlimpinpin et néanmoins. Notons qu’on peut cependant écrire bonbonne ou bombonne.
- Justine et ses amis sont allés au dépanneur pour acheter des bonbons.
- Cette entreprise internationale a assuré sa mainmise sur de nombreux commerces.
- Aline est à la retraite, mais elle est néanmoins très occupée.
Remplacement du n par un m dans les voyelles nasales
La règle faisant qu’on écrit m plutôt que n devant m, b et p est d’origine phonétique. Les lettres m, b et p représentent les consonnes labiales du français [m] [b] [p], que l’on prononce toutes les trois en serrant les lèvres ensemble. La consonne [n], elle, n’est pas une labiale.
Historiquement, devant une labiale, la consonne nasale [n] tendait à s’assimiler à la consonne suivante; elle se transformait donc en [m], consonne labiale et nasale. Cette assimilation remonte au latin : par exemple, le mot latin à l’origine du mot français ombre est umbra, dans lequel on prononçait le m. Aujourd’hui, le m n’est pratiquement plus qu’une marque graphique de nasalité devant m, b et p, puisqu’il n’est généralement plus prononcé.
Persistance de la prononciation du m
La prononciation du [m] persiste cependant dans certains mots qui commencent par imm. Les lettres imm- sont prononcées [im] (i-m) ou [imm] (im-m), sans voyelle nasale, dans des mots qui se prononçaient déjà ainsi en latin. Le m est parfois alors doublé, c’est-à-dire qu’il est plus long qu’à l’habitude.
Dans d’autres mots, les lettres imm- sont prononcées [ẽm] (in-m); le premier m représente alors le caractère nasal de la voyelle précédente. Il s’agit de mots formés en français avec im-, variante graphique du préfixe in‑.
Distinction d’homophones
Le son [ɔ̃] (on) est parfois transcrit om plutôt que on sans qu’il soit suivi d’un m, d’un b ou d’un p. Le m permet alors de distinguer des homophonesMot dont la prononciation est identique à celle d’un ou plusieurs autres mots, mais dont le sens est différent.. C’est le cas dans nom (homophone de non) et dans ses dérivés, ainsi que dans comte (homophone de conte et de compte), comtesse (forme féminine de comte) et comté (homophone de conté et compté).
- Je ne me souviens jamais de son prénom.
- Le fromage préféré de Jasmin est le comté.