Différence entre dollar et piastre
Les noms dollar et piastre désignent des unités monétaires différentes. Au Québec, le nom piastre est employé dans la langue familière au sens de « dollar ».
Dollar
Le nom dollar sert à désigner une unité monétaire anglo-saxonne divisée en 100 cents, qui est utilisée dans une trentaine de pays ou d’États, dont les États-Unis et le Canada. En contexte, dollar est généralement employé seul, sans complément.
- Nous avons payé en dollars les souvenirs que nous avons achetés au Costa Rica.
Mais dans les cas où l’on veut préciser la provenance de l’unité monétaire ou lorsqu’on compare deux monnaies ou plus, on le trouve souvent accompagné d’un adjectif; par exemple, dollar canadien, dollar américain, dollar australien, etc.
- Pourriez-vous me dire la valeur du dollar canadien par rapport à l’euro?
- Le dollar canadien est très fort en ce moment.
Le nom dollar peut aussi désigner l’objet matériel, pièce ou billet, qui correspond à cette unité monétaire.
- Aurais-tu un cinq dollars à me prêter?
- Je collectionne les dollars depuis une dizaine d’années.
- J’ai trouvé un dollar dans tes poches de pantalon.
Le symbole du dollar a la forme d’un s muni d’une barre verticale ($); il est principalement utilisé dans les textes de nature financière ou statistique ou dans tout texte dont les nombres sont l’objet principal.
- Cette robe griffée vaut 600 dollars. (ou : 600 $)
- Cet investissement représente environ cinq millions de dollars. (ou : 5 M$)
Piastre
Le nom piastre désigne quant à lui une monnaie ancienne ou actuelle de différents pays. De nos jours, cette monnaie est utilisée comme centième partie de la livre en Égypte, au Liban et en Syrie, et comme centième partie du dinar au Soudan.
- Au XVIIe siècle, la piastre espagnole était répandue en Europe et en Amérique.
- La livre égyptienne, la livre libanaise, la livre syrienne et le dinar soudanais sont des unités monétaires qui sont toutes divisibles en cent piastres.
Au Québec, le nom piastre est parfois utilisé dans la langue familière au sens de « dollar ». On y trouve aussi la variante graphique piasse, fréquemment utilisée pour rendre la prononciation usuelle du mot. Dans la langue soutenue, on emploiera plutôt dollar que piastre.
- Jean-Daniel gagne vingt dollars l’heure. (plutôt que : vingt piastres)
- La chute du dollar américain les inquiète. (plutôt que : de la piastre américaine)
- J’ai perdu cinq dollars. (plutôt que : cinq piastres)
Piastre dans les expressions familières
Le mot piastre figure aussi dans plusieurs expressions québécoises appartenant à la langue familière.
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avoir les yeux grands comme des piastres (« écarquiller les yeux par surprise, par étonnement »)
c’est avec des sous (des cents) qu’on fait des piastres (« c’est avec de petites choses qu’on en bâtit de grandes »)
changer, échanger quatre trente sous pour une piastre (« faire quelque chose qui n’apporte rien »)
faire la piastre (« faire beaucoup d’argent »)
un mot de deux piastres et quart, à cinquante, à cent piastres (« mot savant, compliqué, méconnu »)
une question à cent piastres (« dont la réponse est difficile à trouver »)
Origine du mot piastre
L’emploi du nom piastre, qui subsiste encore aujourd’hui au Québec, peut s’expliquer par des faits historiques. En Nouvelle-France, vers la fin du XVIIe siècle, piastre s’est répandu dans les documents puisque c’était le nom d’une monnaie espagnole (la piastre espagnole) qui circulait à l’époque dans les colonies
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, piastre s’est imposé dans les textes comme équivalent français du nom anglais dollar, nouvelle unité monétaire légale du Canada. Toutefois, comme dollar avait déjà été accepté par l’Académie française en 1835, il a finalement été adopté dans l’usage officiel et a supplanté le nom piastre, qui a quant à lui pris une connotation familière à partir de ce moment.