Présence du s final muet dans certains prénoms masculins
Quelques prénoms masculins s’écrivent avec un s final muet.
- Charles a accepté l’invitation, mais Georges ne pourra pas être là.
- Gilles, Hugues et Jacques ne s’étaient jamais rencontrés auparavant.
- Jules travaillera avec Yves dans ce projet.
Comment expliquer la présence de ce s final muet?
Pour expliquer ce s final, on doit remonter à l’ancien français. En ancien français, comme en latin, les noms s’écrivaient différemment selon la fonction qu’ils occupaient dans la phrase. Il s’agissait donc d’une langue à déclinaison. Le latin avait une déclinaison à six cas; l’ancien français n’en a gardé que deux, le cas sujet (issu du nominatif latin) et le cas régime (issu de l’accusatif latin). Ces cas permettaient une certaine liberté dans l’ordre des mots dans la phrase, la fonction des noms étant indiquée par la désinence, c’est-à-dire la finale du nom.
En ancien français, lorsqu’un nom était en fonction sujet ou attribut, il suivait les règles d’écriture du cas sujet; dans tous les autres cas, il suivait les règles d’écriture du cas régime. Selon ces règles, certains noms masculins prenaient un s final lorsqu’ils étaient en fonction sujet ou attribut et qu’ils étaient au singulier. Entre la fin du XIIIe siècle et la fin du XIVe siècle, le cas régime s’est progressivement imposé, au détriment du cas sujet. En français moderne, les noms n’ont plus qu’une seule forme; la grande majorité des noms français ont aujourd’hui la forme héritée du cas régime en ancien français.
Pour certains noms toutefois, c’est la forme héritée du cas sujet qui a été conservée; c’est le cas des prénoms masculins qui se terminent par un s final muet. Ils doivent donc ce s aux règles d’écriture du cas sujet en ancien français.