Emploi déconseillé des emprunts nominer, nominé et nomination
Le nom nomination, le verbe nominer de même que nominé, employé comme adjectif ou nom, sont souvent utilisés en parlant de la présélection officielle de candidats ou d’œuvres en vue d’un prix ou d’une récompense. Dans ce contexte, leur emploi résulte d’une influence de l’anglais, mais leur acceptabilité diffère; alors que nomination est admis dans l’usage en ce sens, nominer et nominé demeurent déconseillés.
Nomination : admis au sens de « fait d’être sélectionné comme candidat à un prix »
En français, nomination, outre le sens d’« action de nommer quelqu’un à un poste », connaîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : connait. aussi un autre sens, peu connu au Québec, qui est celui de « mention »; il désigne alors une distinction, après les prix et les accessits, dans les concours. Il s’agit donc dans ce cas d’une récompense en soi et non du fait d’être sélectionné parmi les candidats à un prix, sens que possède l’anglais nomination. C’est probablement la proximité des sens français et anglais qui explique que l’emploi de nomination dans ce dernier sens ait pu être aussi facilement admis dans l’usage français; cette acceptionSens particulier que prend un mot ou un groupe de mots dans un contexte déterminé. Par exemple, le mot manteau désigne, en géologie, la couche interne de la Terre située entre la croûte terrestre et le noyau. de nomination n’est pas critiquée.
En nomination
La locution en nomination, qui se trouve notamment dans les expressions mettre en nomination « sélectionner » ou être en nomination « être sélectionné », est largement répandue au Québec. Elle est acceptable dans la mesure où nomination est admis dans l’usage, dans le même contexte. De plus, en nomination ressemble à en lice et à en compétition.
- Cet humoriste a obtenu deux nominations pour son dernier spectacle.
- Ce réalisateur a eu huit nominations dans sa carrière sans jamais se voir décerner un oscar.
- L’actrice a été mise en nomination pour son jeu tout en nuances dans son dernier film.
Nominer et nominé : déconseillés au sens de « sélectionner » et « sélectionné »
Les formes nominer et nominé, en dépit du fait qu’elles soient attestéesSe dit d’un mot ou d’un groupe de mots tiré d’un texte et qui sert d’exemple pour prouver qu’il était utilisé à un moment donné, dans un lieu donné. depuis plus de 25 ans, restent critiquées, sans doute parce qu’elles n’existaient pas déjà en français, contrairement à nomination. La plupart des ouvrages de référence les consignent avec la marque « critiqué » et proposent de leur préférer le verbe sélectionner ou son participe sélectionné. On constate, du reste, depuis quelques années, le recul de nominé au profit d’équivalents qui ne sont pas contestés : sélectionné, bien sûr, mais aussi nommé, en lice, en compétition, cité, retenu, mis en nomination ou en nomination.
- Cette année, un film québécois a été sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger. (et non : a été nominé)
- Les actrices en lice dans cette catégorie sont toutes excellentes. (et non : Les actrices nominées)
- Tous les films en compétition pour le meilleur film étranger auront une grande diffusion. (et non : Tous les films nominés)
- Les acteurs cités pour le César du meilleur acteur sont attendus dans la salle de presse. (et non : Les nominés)