Changements phoniques dans les liaisons
Une liaison est la prononciation en une syllabe de la consonne finale d’un mot, habituellement non prononcée, avec la voyelle initiale du mot suivant. La liaison n’affecte pas la prononciation de la plupart des lettres, qui se prononcent ainsi toujours de la même façon. Certaines lettres subissent toutefois un changement phonique.
Les consonnes en contexte de liaison
Consonnes qui ne connaissent pas de changement phonique
Les consonnes p, t, c, q, r, f, n et z ne subissent aucun changement phonique en contexte de liaison.
- Cette cause est trop importante pour qu’on abandonne. [tʀopẽpɔʀtãt]tro-pin-por‑tante
- Nous avons beaucoup aimé ce petit intermède. [pətitẽtɛʀmɛd]pe-ti-tin-tèr-mèd
- Cette femme était mon premier amour. [pʀəmjeʀamuʀ]pre-mié-ra-mour
- Nous remettons notre rendez-vous à demain, bien entendu. [bjẽnãtãdy]bi-in‑nan-tan-du
- Je ne suis jamais allé chez eux. [ʃezø]ché-zeu
Consonnes qui connaissent un changement phonique
Les consonnes d, s, x, et g peuvent subir un changement phonique :
- En liaison, la lettre d se prononce toujours [t] (t), donc comme la lettre t;
- Les lettres s et x, elles, se prononcent [z] (z), donc comme la lettre z;
- La lettre g peut se prononcer [k] (k), comme la lettre k; plusieurs ouvrages recommandent cette prononciation, mais elle est très rare aujourd’hui au Québec. On la réservera donc au style très soigné. Dans le style courant, on prononcera [g] (gu) comme dans le mot langue en contexte de liaison.
- Gandhi était un grand homme. [gʀãtɔm]gran-tom
- Frédéric a toujours aimé observer les étoiles. [lezetwal]lé-zé-toual
- Le professeur a remis un document aux étudiants. [ozetydjã]o‑zé-tu-dian
- Ils ont eu un long entretien hier soir. [lɔ̃gãtʀətjẽ]lon-gan-tre‑ti-in (langue courante) ou [lɔ̃kãtʀətjẽ]lon-kan-tre-ti-in (langue soutenue)
Les voyelles en contexte de liaison
Voyelles qui ne connaissent pas de changement phonique
Le son [ã] (an) et le son [œ̃] (un) ne subissent aucun changement et se prononcent toujours, respectivement, comme le nom an et comme le déterminant un.
Voyelles qui connaissent un changement phonique
Seules les voyelles nasales peuvent être touchées par un changement phonique dans les liaisons. Certaines d’entre elles perdent en effet, dans certains contextes, leur caractère nasal.
Le son [ẽ] (in) perd son caractère nasal dans certains adjectifs qui se terminent en ‑ain, en ‑ein, en ‑ien et en ‑yen ainsi que, parfois, dans l’adjectif divin, lorsque ces adjectifs précèdent un nom. Ce son se prononce alors [ɛ] (è). Le son [ẽ] (in) reste toutefois nasal dans rien et dans bien.
- Isabelle a montré un certain intérêt pour ce poste. [sɛʀtɛnẽteʀɛ]sèr-tè-nin‑té-rè
- Francis adore les activités de plein air. [plɛnɛʀ]plè‑nèr
- Marie vit dans l’ancien appartement de Lise. [lãsjɛnapaʀtəmã]lan-siè‑na-par-te-man
- Rachel est fascinée par tout ce qui touche le Moyen Âge. [mwajɛnɑʒ]moua‑iè-naj
- Le discours était bien entamé quand nous sommes arrivés. [bjẽnãtame]bi‑in-nan-ta-mé
Le son [ɔ̃] (on) peut lui aussi être touché par la dénasalisation en contexte de liaison; il se prononce alors [ɔ] (o), comme dans porte. Cette dénasalisation se produit toujours quand l’adjectif bon précède un nom. Avec les déterminants mon, ton et son, elle est facultative. Dans les autres mots, comme dans le pronom on, ce son reste nasal.
- La natation est un très bon exercice. [bɔnɛgzɛʀsis]bo-nèg-zèr‑sis
- J’ai perdu mon étui à lunettes. [mɔnetɥi]mo‑né-tui ou [mɔ̃netɥi]mon-né-tui
- On a pu le constater tout à l’heure. [ɔ̃napy]on‑na-pu