Rédaction épicène et autres styles d’écriture dits inclusifs
Lorsqu’il est question d’écrits qui se veulent plus inclusifs, on entend parfois parler de rédaction épicène, de rédaction inclusive, d’écriture inclusive et de rédaction non binaire, par exemple. De quoi s’agit‑il exactement? Petit tour d’horizon pour distinguer les termes et concepts relatifs à ces styles rédactionnels contemporains.
Notons tout d’abord que la rédaction épicène est le seul style d’écriture, parmi ceux présentés ci‑dessous, dont l’Office québécois de la langue française recommande l’emploi.
Rédaction épicène
Le terme rédaction épicène désigne une pratique d'écriture qui, par des procédés favorisant des textes plus inclusifs, permet de représenter les femmes et les hommes de façon équilibrée, ou de désigner les personnes indépendamment de leur genre.
La rédaction épicène privilégie notamment le recours aux doublets (les lectrices et les lecteurs), aux désignations neutres (les recherchistes, la personne‑ressource, le lectorat) et à diverses stratégies permettant d’obtenir des phrases inclusives (Êtes‑vous de citoyenneté canadienne? plutôt que Êtes‑vous un citoyen canadien?).
Au Québec, les principaux procédés préconisés par l’Office font l’objet d’un avis de recommandation en vigueur publié à la Gazette officielle du Québec le 7 juillet 2018. En vertu de la Politique linguistique de l’État, les organisations de l’Administration sont encouragées à tenir compte des avis officiels dans leurs écrits.
Rédaction inclusive et écriture inclusive
Au Canada, et plus particulièrement au Québec, les termes rédaction inclusive et écriture inclusive sont souvent utilisés comme synonymes de rédaction épicène. Certaines sources les emploient cependant de manière plus large pour désigner une pratique d’écriture visant à éviter toutes formes de discrimination, y compris celles qui ne sont pas liées au genre (celles fondées sur l’orientation sexuelle ou l’origine ethnique, par exemple).
En Europe francophone, et spécialement en France, les termes rédaction inclusive et écriture inclusive sont au contraire parfois employés dans un sens plus restrictif. En effet, ils peuvent y faire référence à la pratique rédactionnelle qui consiste à utiliser, dans un texte suivi, des formes abrégées au moyen de points. Un tel usage est déconseillé par l’Office, qui privilégie plutôt, et uniquement dans les contextes où l’espace est restreint (tableaux, formulaires, etc.), le recours aux doublets abrégés à l’aide de parenthèses ou de crochets.
Rédaction non binaire
Le terme rédaction non binaire fait référence à un style rédactionnel distinct de la rédaction épicène, qui vise précisément à désigner les personnes non binaires ou à s’adresser à elles.
La rédaction non binaire repose notamment sur l’emploi de désignations neutres et de certaines formes de phrases inclusives. Elle implique généralement aussi l’emploi de néologismes considérés comme neutres, par exemple le pronom de troisième personne iel ou le nom frœur (en remplacement de frère/sœur).
Précisons que l’Office ne conseille pas le recours à de tels mots émergents, qui ne font pas largement consensus et qui sont susceptibles d’entraîner des difficultés, entre autres pour l’accord des adjectifs qui s’y rapportent.