Le verbe venir employé au sens de « devenir »
L’emploi du verbe venir, au sens de « devenir », suivi d’un attribut est perçu comme familier, au même titre que l’emploi du tour pronominal voisin s’en venir suivi d’un attribut. Dans les deux cas, il existe différentes possibilités de remplacement en contexte neutre ou soigné.
Venir, au sens de « devenir »
C’est en fait un emploi ancien en français, attesté du XVe au XVIIe siècle, qui a survécu dans bon nombre de parlers régionaux en France, mais aussi en Belgique, en Suisse et dans les parlers français d’Amérique, dont bien sûr au Québec.
Aujourd’hui, cet usage de venir est perçu comme familier en français québécois et tend à s’effacer au profit de devenir, qui est le mot neutre dans un contexte plus soigné. C’est pourquoi on ne le trouve pas vraiment utilisé à l’écrit. Outre la construction devenir suivi d’un attribut, on peut aussi lui substituer un verbe simple (pâlir, s’enrichir, enfler, rougir, etc.), selon le contexte.
- Il ne faut quand même pas devenir fou avec ça! (ou, plus familièrement : venir fou)
- En apprenant la nouvelle, elle est devenue toute pâle. (ou : a pâli; et, plus familièrement : est venue toute pâle)
- Il ne pense pas devenir riche avec ça, mais ça l’occupe. (ou : s’enrichir; et, plus familièrement : venir riche)
- Sa cheville est devenue tout enflée; il ne pouvait plus se porter dessus. (ou : a enflé; et, plus familièrement : est venue tout enflée)
- Il faut rentrer les coussins, sinon ils deviennent humides et prennent du temps à sécher. (ou, plus familièrement : viennent humides)
- Ajoute un peu de lait si la sauce devient trop épaisse. (ou : épaissit trop; et, plus familièrement : vient trop épaisse)
- En entendant cela, il est devenu tout rouge. (ou : a rougi; et, plus familièrement : est venu tout rouge)
S’en venir, au sens de « devenir »
Dans un sens voisin et avec une idée de progression, on emploie également au Québec le verbe s’en venir suivi d’un attribut (par exemple : elle s’en vient bonne). Le tour relève du même registre familier, mais son origine n’est pas aussi clairement expliquée, cet emploi n’ayant pas été relevé par les spécialistes qui ont attesté venir dans le sens qui précède.
S’en venir, dans cette acceptionSens particulier que prend un mot ou un groupe de mots dans un contexte déterminé. Par exemple, le mot manteau désigne, en géologie, la couche interne de la Terre située entre la croûte terrestre et le noyau., ne semble pas non plus avoir été répertorié dans les dictionnaires de langue ancienne. Dans un registre plus neutre, on emploierait plutôt devenir, se faire ou, là encore, des verbes simples comme vieillir, grandir ou pousser, selon les contextes.
- On vieillit. (ou : se fait vieux; et, plus familièrement : s’en vient vieux)
- Le quartier devient de plus en plus beau avec tous les travaux qu’on y a faits. (ou : embellit; et, plus familièrement : s’en vient beau)
- Tes enfants grandissent; il faut les laisser vivre! (ou, plus familièrement : s’en viennent grands)
- La haie a poussé; il faudrait penser à la tailler. (ou, plus familièrement : s’en vient haute)
- Cette série devient de plus en plus populaire. (ou, plus familièrement : s’en vient de plus en plus populaire)