L’expression au nom de
Le mot nom ne varie jamais en nombre dans la préposition composée au nom de, qui indique qu’on se fait l’intermédiaire d’un tiers. Il en est de même pour les formes en mon nom, au tien, etc. Quant aux formules de renforcement comme en mon nom personnel, si elles sont parfois présentées comme des pléonasmes, elles sont tout à fait correctes lorsque l’on souhaite créer un effet d’insistance.
Sens et emplois
La préposition composée au nom de (ou au nom du, au nom des) signifie « de la part de, pour le compte de », « en tant que représentant ou représentante de », « en considération de », « en invoquant l’autorité de » ou « en vertu de ».
- Laurence a le devoir de parler et d’agir au nom de Benjamin.
- Elle entend appuyer cette mesure au nom des parents adoptants.
- Cet employé était autorisé à emprunter de l’argent au nom de l’entreprise.
- Au nom de l’amitié, je garderai ton secret.
- Cette expérience a été menée au nom de la science.
- Au nom de votre mère, soyez responsable!
- Au nom de la loi, je vous arrête!
Accord en nombre
La préposition composée au nom de ne varie jamais en nombre : le mot nom y reste au singulier, même si on évoque le nom de plus d’une personne.
- Il les a remerciés au nom de sa mère et de son père. (et non : aux noms de sa mère et de son père)
- Je vous parle au nom de nous cinq : nous sommes toutes soucieuses du résultat. (et non : aux noms de nous cinq)
- Elle explique qu’elle a agi au nom de la raison et de la justice. (et non : aux noms de la raison et de la justice)
- De nombreux romans furent écrits au nom de l’amour ou de la passion. (et non : aux noms de l’amour ou de la passion)
- Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (et non : Aux noms du Père, du Fils et du Saint-Esprit)
Emploi avec un déterminant possessif ou un pronom
La préposition à (qui se contracte avec le déterminant défini le sous la forme au) est remplacée par en lorsque nom est précédé d’un déterminant possessif (en mon nom, en ton nom, etc.).
- La directrice a dû s’absenter, alors c’est Marjorie qui a parlé en son nom.
- Ne manquez pas de féliciter le gagnant en mon nom.
On remplace également à par en lorsque le nom est repris par le pronom démonstratif celui.
- Je t’aiderai, au nom de mon intégrité et en celui de notre amitié.
- Au nom de mes parents et en celui de toute la famille, je vous remercie.
Le mot nom et son complément peuvent aussi être conjointement repris par un pronom possessif, qui suit alors au (au mien, au tien, etc.).
- Je te le demande au nom de ma femme comme au mien.
- Il s’est expliqué en son nom et au vôtre.
Peu importe la forme sous laquelle l’expression est employée (au nom de, en + déterminant possessif + nom, en celui de, au + pronom possessif), le mot nom – ou le pronom qui le reprend – reste au singulier.
- Passion et amour, que d’inepties dites en votre nom! (et non : en vos noms)
- Est-ce que tu me le demandes en ton nom ou au leur? (et non : aux leurs)
- Mes confrères et consœurs de travail m’ont mandatée pour vous rencontrer en leur nom et en celui de nos partenaires. (et non : en leurs noms et en ceux de nos partenaires)
- Notre porte-parole aura breffé le groupe en notre nom de même qu’au vôtre. (et non : en nos noms de même qu’aux vôtres)
Formules de renforcement
Les tournures en mon nom personnel, en mon propre nom et en mon nom à moi, notamment, sont parfois considérées comme des pléonasmes, puisque si quelqu’un s’exprime en son nom, ce nom est nécessairement personnel. Toutefois, ces formules de renforcement peuvent être utiles pour insister sur l’expression de son propre sentiment, notamment lorsque l’on s’exprime également au nom de quelqu’un d’autre.
- En mon nom personnel et en celui de la Nation, je vous salue. (ou : En mon nom et en celui de la Nation)
- Vous n’agirez pas seulement en votre propre nom, mais aussi en celui de notre client. (ou : en votre nom)
Ces formules de renforcement peuvent aussi être pertinentes, voire requises, lorsque l’emploi du seul déterminant possessif risquerait d’engendrer une ambiguïté.
- Annick a demandé à Pierrot de présenter ces arguments en son nom personnel. (de préférence à : en son nom, ce qui pourrait laisser entendre qu’Annick désire que Pierrot parle en son nom à elle)
Lorsqu’une telle insistance n’est pas nécessaire ou souhaitée, on pourra opter pour la simplicité et s’en tenir au déterminant possessif approprié.