Le complément direct
On nomme complément direct la fonction syntaxique qu’exerce un mot ou un groupe de mots qui dépend d’un verbe, auquel il est lié le plus souvent directement, c’est-à-dire sans l’intermédiaire d’une préposition. Ce complément peut prendre diverses formes.
Qu’est-ce qu’un complément direct?
Le complément direct, souvent désigné par le symbole CD, est un complément du verbe qui fait partie du groupe verbalGroupe de mots dont l’élément central est un verbe conjugué. Par exemple : mes enfants mangent des pommes.
Appelé syntagme verbal en grammaire traditionnelle. (GV) prédicat, puisqu’il complète le verbe sur les plans syntaxique et sémantique. On ne peut donc ni l’effacer ni le déplacer en dehors du groupe verbal, car la phrase deviendrait alors agrammaticale ou aurait un sens différent. (Dans les exemples suivants, on emploie le symbole * devant la phrase pour démontrer que celle-ci est agrammaticale ou mal construite.)
- L’an prochain, ma famille et moi escaladerons plusieurs montagnes.
*L’an prochain, ma famille et moi escaladerons Ø. (L’effacement du CD rend la phrase agrammaticale.) - Roméo a aperçu Juliette au balcon.
*Juliette, Roméo a aperçue au balcon. (Le déplacement du CD rend la phrase agrammaticale.) - Elle frise ses cheveux. (La personne coiffe ses cheveux en boucles.)
Elle frise. (Les cheveux forment naturellement des boucles.)
Quelles formes peut prendre le complément direct?
Le complément direct peut prendre différentes formes. Les principales sont :
- un groupe nominal (GN),
- un pronom,
- un groupe infinitif (GInf),
- une subordonnée complétive.
Le complément direct est habituellement placé à droite du verbe, sauf s’il s’agit d’un pronom conjointPronom lié au verbe, dont il ne peut être séparé que par un autre pronom conjoint. Par exemple : je te rends ce livre; je te le rends. ou d’un pronom relatifPronom, comme qui, que, quoi, dont, où et auxquelles, qui reprend une phrase ou un ou des mots déjà énoncés, et qui complète un nom ou un autre pronom. Par exemple : l’autobus duquel je suis descendu..
- Il étudie les langues anciennes à l’université. (Le CD est un GN.)
- J’espérais partir à l’étranger. (Le CD est un GInf.)
- Tu sais que tu réussiras. (Le CD de savoir est une subordonnée complétive.)
- Elle vous voit souvent les fins de semaine. (Le CD est un pronom conjoint placé à gauche du verbe.)
- Les bulbes que tu as plantés ont survécu. (Le CD de planter est un pronom relatif placé à gauche du verbe.)
Groupe infinitif introduit par à ou de
Il est possible que le groupe infinitif qui remplit la fonction de complément direct soit introduit par à ou de.
- Ta sœur et toi apprendrez à lire à la maternelle. (Le CD est un GInf formé de à + lire.)
- Je te suggère de partir tôt. (Le CD est un GInf formé de de + partir.)
Notons qu’il n’y a pas consensus dans les ouvrages de référence quant à la classe des mots à et de dans ce cas : alors que plusieurs considèrent qu’il s’agit de prépositions, d’autres affirment que ce sont plutôt des marques de l’infinitif.
Comment identifier le complément direct?
Pour déterminer si un mot ou groupe de mots remplit la fonction de complément direct, on fait appel à des critères syntaxiques en effectuant certaines manipulations.
Remplacement du complément direct par quelqu’un ou quelque chose
Il est possible de remplacer le complément direct par quelqu’un (pour une personne) ou par quelque chose (pour un objet).
- Roméo a aperçu Juliette au balcon.
Roméo a aperçu quelqu’un au balcon. - Elle frise ses cheveux tous les matins.
Elle frise quelque chose tous les matins. - Elle vous voit souvent les fins de semaine.
Elle voit souvent quelqu’un les fins de semaine. - Les bulbes que tu as plantés ont survécu.
Tu as planté quelque chose qui a survécu.
Pronominalisation du complément direct
Le complément direct peut aussi être remplacé par un de ces pronoms : le, la, l’, les, en, ça ou cela.
- J’espérais partir à l’étranger.
Je l’espérais. - Vous mangerez des salades-repas au restaurant.
Vous en mangerez au restaurant. - Ta sœur et toi apprendrez à lire à la maternelle.
Ta sœur et toi apprendrez cela à la maternelle.
Dans les cas où le complément direct est un groupe nominal comprenant un déterminant indéfini ou un déterminant numéral, ce déterminant est conservé après le verbe.
- L’an prochain, ma famille et moi escaladerons plusieurs montagnes.
L’an prochain, ma famille et moi en escaladerons plusieurs. - Mes enfants lisent deux contes avant de dormir.
Mes enfants en lisent deux avant de dormir.
Encadrement du pronom conjoint complément direct par c’est… que
Pour déterminer si un pronom conjoint (par exemple : me, te et nous) est un complément direct, on encadre le pronom disjoint correspondant (par exemple : moi, toi et nous) par c’est… que (ou ce sont… que, avec eux et elles). Si aucune préposition ne doit être ajoutée pour que la phrase soit grammaticale, il s’agit d’un complément direct. Si une préposition est nécessaire, nous sommes alors en présence d’un complément indirectMot ou groupe de mots souvent lié au verbe par une préposition et dont la fonction est d’en compléter le sens. Par exemple : il va au Japon.
Appelé complément d’objet indirect en grammaire traditionnelle. (CI).
- Tu me comprends.
C’est moi que tu comprends. (Me est un CD.)
Tu me mens.
C’est à moi que tu mens. (Me est un CI.) - Je vous regardais.
C’est vous que je regardais. (Vous est un CD.)
Je vous parlais.
C’est à vous que je parlais. (Vous est un CI.)
La notion d’« objet » en grammaire traditionnelle
On appelle, en grammaire actuelleGrammaire dont l’approche pédagogique vise une compréhension logique du fonctionnement de la langue par l’analyse de ses régularités.
A remplacé la grammaire traditionnelle dans le système scolaire québécois., complément direct ce que l’on nomme traditionnellement complément d’objet direct.
La notion d’« objet » pose certaines difficultés. En effet, définir l’objet comme « la personne ou la chose sur laquelle s’exerce l’action » est impossible dans bien des emplois (par exemple : Elle a douze ans; Ce garçon cause des soucis à sa mère; Vous refusez la réalité). Puisque la notion d’« objet » est vague et qu’elle relève du sens, elle n’est pas pratique pour l’analyse des fonctions syntaxiques.
En grammaire actuelle, on évite donc les questions qui font appel au sens pour trouver le complément direct, utilisées en grammaire traditionnelleGrammaire dont l’approche pédagogique vise la compréhension de la langue par l’analyse du mot et de son sens.
A été remplacée par la grammaire actuelle dans le système scolaire québécois. (par exemple : Roméo a aperçu qui? Juliette; Il étudiait quoi? les langues anciennes). D’autant plus que ces mêmes questions pourraient s’appliquer à d’autres fonctions syntaxiques, comme l’attribut du sujet (par exemple : Mon père est mécanicien; Mon père est quoi? mécanicien) ou l’attribut du complément direct (par exemple : Tu me croyais absente; Tu me croyais quoi? absente), ce qui peut mener à une mauvaise identification de la fonction syntaxique.