
Le mot-valise
Un mot-valise est un mot résultant de la fusion d’éléments empruntés à deux mots. La plupart du temps, ce télescopage à l’origine du mot-valise consiste à combiner la partie initiale d’un mot et la partie finale d’un autre mot, et à unir les sens respectifs de ces deux formes. Le mot-valise, parfois appelé mot-centaure, est donc une sorte de collage formel et sémantique.
- Vidéaste a été formé par télescopage de vidéo et de cinéaste.
- L’Office québécois de la langue française a créé le verbe clavarder à partir de clavier et de bavarder.
- Un alicament (de aliment et médicament) est un aliment qui procure des effets physiologiques analogues à ceux d’un médicament.
Mot-valise lexicalisé
Bien des mots-valises sont passés dans l’usage et figurent maintenant dans les dictionnaires de langue générale; l’effet esthétique que créent ces mots chez les locutrices et locuteurs d’une langue étant faible ou nul, ils ne sont plus perçus comme des figures de style.
- Le terme courriel est issu des mots courrier et électronique, alors que le terme pourriel vient des mots poubelle et courriel.
- On ne sait pas nécessairement que motel vient de l’anglais motor‑car hotel.
- C’est l’écrivain français Étiemble qui propagé le mot franglais en critiquant l’emploi d’anglicismes chez les usagers et usagères de la langue française.
Mot-valise dans la littérature et la publicité
Dans les écrits littéraires ou publicitaires, employé comme figure de style, le mot-valise a une tout autre portée : non seulement il condense plusieurs significations et invite de ce fait la lectrice ou le lecteur à un décodage, mais il peut en outre créer un effet particulier, comique, étrange, ironique, percutant, etc.
Certains auteurs et auteures ont d’ailleurs eu recours abondamment au télescopage, à commencer par le Britannique Lewis Carroll, qui a présenté la théorie du mot-valise qu’il a nommé portmanteau-word (en anglais, portmanteau désigne une valise à deux compartiments).
Le récit Finnegans Wake, de James Joyce, est également réputé pour son grand nombre de mots-valises percutants, entre autres procédés littéraires.
- J’espère à l’éternullité. (Jules Laforgue)
- Le mot plaisant alcoolade, de Raymond Queneau, allie alcool et accolade.
- C’est un collage des mots célibataire et battante qui a produit célibattante.
- Son fils est un adulescent, c’est-à-dire à la fois adulte et adolescent.
Notons que certains mots-valises, tout comme d’autres néologismes, ne sont pas créés intentionnellement, mais sont plutôt le fruit d’un lapsus. Leur richesse de sens n’en est pas moins intéressante.