L’accent aigu : positions du é dans le mot
L’accent aigu est seulement employé sur la lettre e, qui se prononce alors [e] comme dans le nom dé. L’accent aigu permet de distinguer le son [e] du son [ɛ], correspondant au è de dès, et du son [ə], correspondant au e de la préposition de. Il peut figurer au début, à l’intérieur ou à la fin d’un mot, pourvu qu’il soit le dernier ou le seul élément de la syllabe.
Positions possibles du é dans le mot
Le é apparaîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : apparait. uniquement en syllabe graphique ouverte, c’est-à-dire qu’il constitue le dernier (ou le seul) élément de la syllabe.
En début de mot
Employé en début de mot, le é peut être suivi d’une syllabe graphique comprenant un e muet; la consonne qui précède ce e pourra se prononcer avec le é.
Dans les préfixes dé-, pré- et télé-
On peut aussi trouver le é en début de mot dans les préfixes dé-, pré- et télé- (sauf dans le mot télescope et ses dérivés, dans lesquels le deuxième e ne prend pas d’accent). Dans ces cas aussi, le é peut être suivi d’une syllabe comprenant un e muet.
- Plusieurs milliers de téléspectateurs ont vu cette émission spéciale. [telespɛktatœʀ]té-lé-spèk-ta-teur
- On a décelé des traces d’un produit chimique dangereux. [desəle]dé-se-lé ou [desle]dés-lé
- Elle m’a prévenu aussitôt qu’elle a appris la nouvelle. [pʀevəny]pré-ve-nu ou [pʀevny]prév-nu
À l’intérieur du mot
À l’intérieur du mot, et dans tout autre contexte que les deux précédents, le é doit être suivi d’une syllabe ne comprenant pas de e muet. Cette syllabe peut commencer soit par une consonne simple, soit par deux consonnes représentant un seul son, soit par un groupe de deux consonnes différentes dont la seconde est un l ou un r.
- Plusieurs nouveaux étudiants souhaitent adhérer à cette association.
- Mon cousin s’est imprégné de musique indienne pendant son voyage à Mumbai.
- Cette fillette est fascinée par les éléphants.
- Il s’agissait d’une décision irréfléchie.
- Les spécialistes ne diagnostiquent plus de névroses.
En finale de mot
Enfin, on peut trouver le é en finale de mot. Dans ce contexte, il peut seulement être suivi d’un e muet ou encore de la marque du pluriel (s) ou du féminin (e).
- J’ai développé une belle amitié avec ma nouvelle voisine.
- Une année s’est écoulée depuis leur première rencontre.
- Il adore admirer les beautés du paysage.
Positions où le é n’apparaît pas
On ne trouvera jamais de é devant une consonne double ni devant un x (qui s’apparente à une consonne double), puisque, théoriquement, les consonnes doubles font que le e qui précède est ouvert, et non fermé. On prononce donc généralement ces e [ɛ], comme dans des.
Notons toutefois que la prononciation du e dans ce contexte se rapproche du é dans plusieurs régions de la francophonie.
- Aline essayait de répondre aux questions de l’examen, mais elle avait un trou de mémoire.
On ne trouvera jamais de é non plus devant une consonne finale muette (sauf s’il s’agit de la marque du pluriel).
- Maxime comptait rentrer à pied chez lui.
Dérivés de noms provenant de langues étrangères
Par ailleurs, certains noms propres venant de langues étrangères et qui ne comportent pas d’accent en français peuvent donner des dérivés comportant un accent aigu.
- Les habitants du Venezuela sont des Vénézuéliens.
- Les admirateurs de Wagner sont des wagnériens.
Rectifications de l’orthographe
Les rectifications de l’orthographe de 1990 ont proposé de changer le é pour un è dans certains contextes pour faire correspondre la graphie à la prononciation.
Ainsi, les formes conjuguées des verbes du type céder, qui prennent un accent aigu au futur et au conditionnel, peuvent aujourd’hui s’écrire avec un è (je céderai ou je cèderai).
De même, les inversions interrogatives de la première personne du singulier du type aimé-je peuvent maintenant s’écrire avec un è (aimè-je). Dans ces cas, l’emploi du é et celui du è sont tous les deux corrects.
Petit historique de l’accent aigu en français
L’accent aigu est le premier accent qu’on a utilisé en français. À partir de 1530, on l’employait régulièrement en finale de mot, dans les mots se terminant par ‑é et par ‑ée. Aux XVIe et XVIIe siècles, il était plutôt rare à l’intérieur du mot; ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’il sera utilisé régulièrement dans cette position.