Féminin des appellations de personnes en ‑eur
Le féminin des appellations de personnes en ‑eur peut être en ‑eure (ingénieur, ingénieure), en ‑euse (chercheur, chercheuse) ou en ‑trice (administrateur, administratrice). L’Office privilégie de manière générale les formes régulières en ‑euse ou en ‑trice. Parfois deux variantes féminines sont acceptées (sculpteur, sculptrice ou sculpteure).
Origine de la féminisation des appellations de personnes en français
Dans la francophonie, c’est d’abord et surtout au Québec, dans les années 1970 et 1980, que la féminisation des appellations de personnes s’est développée. Des postes autrefois occupés le plus souvent par des hommes s’ouvraient alors aux femmes. À ce moment, la création de noms féminins par l’ajout d’un e aux noms masculins en ‑eur (par exemple, ingénieure) a permis de combler des lacunes lexicales. Cet apport du Québec en matière de féminisation est connu dans la francophonie.
L’Office québécois de la langue française s’est cependant gardé d’accepter des formes en ‑eure (par exemple, chercheure ou directeure) quand existaient déjà des noms en ‑euse (comme chercheuse) ou en ‑trice (comme directrice) bien établis dans l’usage et dont le mode de formation est régulier.
Cela dit, en vue de soutenir la féminisation et par respect pour la diversité linguistique dans la francophonie, l’Office accepte progressivement, pour des féminins d’abord apparus en ‑eure, des variantes en ‑euse et en ‑trice en provenance de l’Europe francophone (par exemple, précurseuse et successeuse).
Les noms féminins en ‑eure : formes retenues et non retenues
Cet article contient trois tableaux :
- le premier tableau présente les noms en ‑eure qui ont été proposés dans le passé pour combler des lacunes lexicales et qui sont encore aujourd’hui les seuls retenus;
- le deuxième tableau présente des noms en ‑eure non retenus parce que des formes en ‑euse et en ‑trice régulières et bien établies sont en usage au Québec et en Europe francophone;
- le troisième tableau présente les cas pour lesquels deux formes sont acceptées, en ‑euse, en ‑eure ou en ‑trice, selon les cas. L’Office privilégie de manière générale la forme régulière en ‑euse ou en ‑trice, mais il n’exclut pas pour autant la prise en compte d’autres facteurs. Des notes accompagnent ainsi les noms féminins en ‑eure privilégiés.
Noms en ‑eure retenus |
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une censeure |
une docteure |
une gouverneure |
une ingénieure |
une intercesseure |
une oppresseure |
une pasteure |
une possesseure |
une prédécesseure |
une procureure |
une professeure |
une proviseure |
Noms en ‑euse et en ‑trice retenus | Noms en ‑eure non retenus |
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une acupunctriceOn peut aussi écrire : acuponctrice. | une acupuncteure |
une administratrice | une administrateure |
une amatrice | une amateure |
une arpenteuse | une arpenteure |
une chauffeuse | une chauffeure |
une chercheuse | une chercheure |
une chroniqueuse | une chroniqueure |
une contrôleuse | une contrôleure |
une directrice | une directeure |
une entraîneuse | une entraîneure |
une évaluatrice | une évaluateure |
une inspectrice | une inspecteure |
une metteuse en scène | une metteure en scène |
une monteuse | une monteure |
une orienteuse | une orienteure |
une rapporteuse | une rapporteure |
une rectrice | une recteure |
une régisseuse | une régisseure |
une traiteuse | une traiteure |
Dans le tableau ci-dessous, les variantes dont la finale est en vert sont privilégiées, tandis que les autres sont admises.
Noms en ‑euse et en ‑trice retenus | Noms en ‑eure retenus ou privilégiés |
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une assureuse | une assureure |
une défenseuse | une défenseure |
une entrepreneuse | une entrepreneure |
une intrapreneuse | une intrapreneure |
une réviseuse | une réviseure |
une sculptrice | une sculpteure |
une superviseuse | une superviseure |
une vainqueuse | une vainqueure |
une assesseuse | une assesseure |
une précurseuse | une précurseure |
une successeuse | une successeure |
Au Québec, la forme assesseure est majoritairement employée. En France, en Belgique et surtout en Suisse, elle est utilisée en concomitance avec assesseuse.
Les formes précurseuse et successeuse sont aussi utilisées en Europe francophone.
Notons que le cas du féminin d’auteur est particulier. Auteure est déjà bien implanté dans l’usage partout en francophonie. Cependant, autrice a connu, à partir de la fin des années 2010, un regain de popularité, notamment au Québec. Même s’il ne figure pas encore dans tous les ouvrages de référence, autrice est accepté en français : il est attesté depuis plusieurs siècles et est correctement formé. On écrira donc une auteure ou une autrice, au choix.