Qu’est-ce qu’un emprunt hybride?
L’emprunt hybride est une forme mixte qui combine des éléments appartenant à des langues différentes. Son sens correspond à celui de la forme de la langue prêteuse ainsi traduite. On peut, par exemple, construire une forme en ajoutant un élément français à un mot anglais.
Ajout d’un suffixe français à une forme anglaise
Dans certains cas, l’ajout d’un suffixe français à une forme anglaise permet de créer des noms, des verbes, etc.
- Les noms hockeyeur et hockeyeuse sont formés de l’emprunt intégral hockey et des suffixes français ‑eur et ‑euse. Ils sont bien intégrés en français pour désigner la personne que l’on nomme en anglais hockey player. Il est intéressant de remarquer que les synonymes joueur de hockey et joueuse de hockey constituent eux aussi des emprunts hybrides, mais d’un type différent.
- La terminaison verbale ‑er, accolée à un radical anglais, a contribué à la formation de plusieurs emprunts hybrides comme booster, canceller, dealer, dispatcher, flusher et revamper. Ceux-ci sont cependant déconseillés et peuvent être remplacés par divers équivalents.
- Notons toutefois que certains verbes formés selon ce procédé sont jugés acceptables en français. C’est le cas de performer (to perform), qui signifie notamment « réaliser une performance (sportive ou artistique) », et de formater (to format), qui connaîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : connait. diverses acceptionsSens particulier que prend un mot ou un groupe de mots dans un contexte déterminé. Par exemple, le mot manteau désigne, en géologie, la couche interne de la Terre située entre la croûte terrestre et le noyau. dans le domaine de l’informatique.
Francisation d’un suffixe anglais
Dans d’autres cas, l’emprunt est constitué d’un mot anglais dont la terminaison a été remplacée par un suffixe français.
- Le suffixe français ‑age remplace le suffixe anglais ‑ing dans les mots dopage (doping), aquaplanage (aquaplaning) et monitorage (monitoring).
- Dans certaines appellations de personnes, le suffixe anglais ‑er a été remplacé par ‑eur ou ‑euse : sprinteur/sprinteuse (sprinter); blogueur/blogueuse (blogger); surfeur/surfeuse (surfer); et drummeur/drummeuse (drummer), qu’on remplacera toutefois par batteur/batteuse, car c’est un emprunt déconseillé.
Traduction partielle d’une unité lexicale complexe
Certains emprunts hybrides sont des unités lexicales complexes dont l’un des constituants est emprunté à l’anglais.
- Certaines unités complexes hybrides font l’objet de critiques ou de réserves. C’est le cas, par exemple, de piste de bowling. Ce terme est implanté et généralisé en français européen, mais il est déconseillé au Québec, au profit d’allée de quilles (lui-même calqué sur l’anglais bowling alley). Les réserves concernant piste de bowling s’expliquent par celles émises quant au mot bowling lui-même.
- Il en va de même de coach de vie, qui n’est pas totalement neutre au Québec, notamment en raison des critiques émises au sujet de coach. On lui préférera accompagnateur personnel ou accompagnatrice personnelle, même si la forme hybride est utilisée par les organisations internationales et par plusieurs entreprises du domaine concerné.
- Plusieurs unités complexes hybrides sont acceptables en français, entre autres parce que l’élément emprunté est lui-même accepté. Citons le cas de clé USB (USB key), ou encore celui de musique lounge (lounge music), en référence à un style de musique d’origine américaine (tout comme musique jazz, groupe rock et chanson country).
Adaptation morphologique et graphique de formes anglaises
Plusieurs emprunts peuvent être à la fois hybrides et adaptés. En effet, en plus de se voir ajouter un élément français, l’élément anglais subit une adaptation graphique.
- Le mot breffage (briefing) a été intégré en français par l’adaptation du graphèmeUnité graphique minimale correspondant à un son donné, dans un système d’écriture alphabétique. Par exemple, o, au et eau qui produisent le son [o]. ie et le remplacement du suffixe ‑ing.
- Les verbes québécois céduler, « prévoir, inscrire au programme », et clairer, très polysémique (clairer une dette, « la rembourser »; clairer du personnel, « le congédier »; etc.), sont tous deux critiqués et déconseillés. Ils résultent de l’ajout d’une terminaison verbale française et de la francisation de la graphie d’un verbe anglais, respectivement to schedule et to clear.