Prépositions à employer après le verbe s’attendre
Le complément du verbe s’attendre est généralement introduit par la préposition à (s’attendre à quelque chose, s’y attendre). Au Québec, cependant, on emploie aussi s’attendre de quelque chose, s’en attendre.
S’attendre à, s’y attendre
Dans la langue générale, comme la préposition qui suit le verbe s’attendre est habituellement à, c’est le pronom y qui sert à représenter le complément introduit par cette préposition.
- Elle s’attendait à le trouver ici. (ou : Elle s’y attendait.)
- On s’attend à une demande très forte pour ces produits. (ou : On s’y attend.)
S’attendre de, s’en attendre
La construction avec le pronom en (s’en attendre) suppose un complément introduit par la préposition de. Les dictionnaires consignent la forme s’attendre de (suivie d’un verbe à l’infinitifMode exprimant de façon générale l’action ou l’état désigné par le verbe. Les verbes à l’infinitif ne se conjuguent pas. Par exemple : danser, sourire, devenir.) depuis au moins le XVIe siècle. Ce n’est qu’à partir de la fin du XIXe siècle que s’attendre à semble avoir pris le pas sur s’attendre de. Le français québécois a conservé cette ancienne forme et l’emploie concurremment avec s’attendre à, la forme standard en français actuel.
- Une nouvelle comme celle-là arrive toujours quand on s’en attend le moins.
- On ne s’attend jamais de recevoir une nouvelle comme celle-là.
- L’établissement s’attendait d’accueillir une centaine de touristes pour l’ouverture. Les nouveaux propriétaires, qui s’en attendaient, n’ont pas été pris au dépourvu.
- Les acheteurs devront s’attendre de payer un peu plus pour une maison dans ce quartier.
La construction s’attendre de n’est pas usitée aujourd’hui dans la langue générale en Europe francophone, ce qui justifie que l’on n’y trouve pas non plus s’en attendre, mais elle a pourtant été en usage à une époque ancienne.
Littré (XIXe siècle) en cite quelques exemples et, parmi ceux-ci, cette citation de Racine : « mes transports aujourd’hui s’attendaient d’éclater », un emploi de s’attendre de à propos duquel il fait observer :
Des grammairiens ont prétendu que ce vers de Racine était fautif et que la faute avait été commandée par la nécessité d’éviter l’hiatusRencontre de deux voyelles appartenant à des syllabes distinctes, dans un même mot ou à la frontière de deux mots. Par exemple, dans aorte ou oasis.; mais on voit par les exemples que la préposition de était alors aussi usitée dans ce sens que à, et que, aujourd’hui, parler ainsi, ce serait non pas pécher contre la grammaire, mais user d’une tournure dont on peut dire seulement qu’elle est présentement moins usitée.
Emploi non pronominal : attendre de, en attendre
Par ailleurs, on peut trouver le pronom en avec le verbe attendre, lorsque ce dernier n’est pas employé pronominalement.
- Les bienfaits sont moindres que ceux qu’on attendait de cette technologie. (ou : qu’on en attendait)
- Quels sont les effets que vous attendiez de cette publicité? (ou : que vous en attendiez)
- Je n’en attendais pas tant! (« d’une situation quelconque » ou « de quelqu’un »)