Subordonnée complétive introduite par que, à ce que et de ce que
Pour introduire une subordonnée complétivePhrase souvent introduite par que, dont la fonction est généralement de compléter un verbe, un nom ou un adjectif. Par exemple : j’aimerais que nous habitions ensemble.
Appelée proposition complétive en grammaire traditionnelle., le subordonnant que est généralement suffisant. Toutefois, on trouve également les tournures à ce que et de ce que qui, parfois, amènent une légère nuance de sens.
Contextes d’emploi de que, à ce que et de ce que
On emploie couramment à ce que ou de ce que devant une subordonnée qui complète indirectement un verbe exprimant une visée, une volonté, un sentiment ou une cause lorsque ce verbe, suivi d’un complément nominal, se construit avec les prépositions à ou de. Dans certains cas, à ce que et de ce que sont en concurrence avec que; dans d’autres, seule l’une des deux constructions est possible.
Coexistence des constructions avec que, à ce que et de ce que
Le phénomène de la concurrence entre que et ce que en subordonnée existe depuis l’ancien français. Dès lors, il s’est diversement exprimé et n’a pas connu d’évolution intégrale, ce qui explique qu’on puisse observer ci-dessous différents cas de figure en ce qui concerne la subordonnée complétive indirecte.
Verbe + complément nominal indirect introduit par à | Verbe + à ce que + subordonnée | Verbe + que + subordonnée |
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Liam s’attend à la venue de Florence. | Liam s’attend à ce que Florence soit présente. | Liam s’attend que Florence soit présente. |
Les agents veillent à la sécurité des participants et des participantes. | Les agents veillent à ce que les participants et les participantes soient en sécurité. | Les agents veillent que les participants et les participantes soient en sécurité. |
Adèle et Jamila travaillent à la mise en ligne du site Web. | Adèle et Jamila travaillent à ce que le site Web soit mis en ligne. |
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Verbe + complément nominal indirect introduit par de | Verbe + de ce que + subordonnée | Verbe + que + subordonnée |
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Nina se plaint de l’agitation des enfants. | Nina se plaint de ce que les enfants sont agités. | Nina se plaint que les enfants sont agités. |
Florent doute de la réussite du projet. |
| Florent doute que le projet réussisse. |
Existe-t-il un usage préférable?
Des ouvrages de langue indiquent parfois quel est le « meilleur » usage pour introduire la subordonnée complétive indirecte qui suit tel ou tel verbe lorsqu’une variation est possible.
La BDL, elle, ne favorise ni que, ni à ce que ou de ce que, et ce, pour trois raisons :
- Les diverses remarques présentes dans les ouvrages à propos de l’alternance entre que et à ce que ou de ce que ne contribuent pas vraiment à établir une norme en la matière. Par exemple, s’attendre que peut être prescrit ou, au contraire, considéré comme désuet; veiller que peut être jugé peu soigné ou, au contraire, affecté.
- Chacune des constructions traduit une nuance de sens dont on ne peut faire fi. Il arrive même que cela puisse avoir une influence sur le modeCaractère associé au verbe et exprimant l’action ou l’état décrits par le verbe par rapport à l’intention de communication dans l’énoncé. Il y a cinq modes en français : l’indicatif, le subjonctif, l’impératif, l’infinitif et le participe. Chaque mode peut comporter plusieurs temps verbaux. du verbe de la subordonnée. Parfois, la différence de sens est relativement marquée; d’autres fois, elle consiste minimalement en une forme d’insistance lorsque l’on emploie à ce que ou de ce que plutôt que que.
- Dans tous les cas, la syntaxe du français est respectée.
Verbe + à ce que ou de ce que + subordonnée | Verbe + que + subordonnée |
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Je m’étonne de ce qu’il tienne des propos aussi élogieux. | Je m’étonne qu’il tienne des propos aussi élogieux. |
Le président s’indigne avec raison de ce que les employés ne collaborent pas au projet. | Le président s’indigne avec raison que les employés ne collaborent pas au projet. |
Tu te réjouis de ce qu’il ait gagné le concours. | Tu te réjouis qu’il ait gagné le concours. |
Les jurés ont conclu à ce que la défenderesse soit condamnée. | Puisqu’elle est libre, j’en conclus qu’elle n’a pas été condamnée. |
Fais attention à ce que personne ne soit blessé. | Fais attention que la trousse de secours a disparu. |
Nous consentons à ce que vous vous associiez. | Nous consentons que vous vous associiez. |
Emploi de à ce que avec des verbes transitifs directs
En français moderne, l’emploi de à ce que s’étend, par analogie, à des verbes dont le complément nominal est direct, mais qui se construisent ou peuvent se construire avec à ou de lorsqu’ils sont suivis d’un verbe à l’infinitif. Cette extension, dans son ensemble, est quelquefois mal jugée dans les ouvrages de langue. La critique s’appuie sur le fait que, dans ces cas, le subordonnant que seul suffit – ou devrait suffire – à introduire la subordonnée.
Cependant, la BDL traite aussi cette question avec souplesse, encore une fois pour trois raisons : il n’y a pas ici non plus d’entorse réelle à la syntaxe française; le sens demeure clair; on trouve des occurrences du phénomène même chez de bons écrivains.
Verbe + complément nominal | Verbe + à ou de + infinitif | Verbe + que + subordonnée | Verbe + à ce que + subordonnée |
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Il te demande ton pardon. | Il te demande de lui pardonner. | Il demande que tu lui pardonnes. | Il demande à ce que tu lui pardonnes. |
Elle aime les paysages d’hiver. | Elle aime à admirer les paysages d’hiver. (Aimer à : registre littéraire) | Elle aime que les paysages d’hiver s’offrent à sa vue. | Elle aime à ce que les paysages d’hiver s’offrent à sa vue. |
Cet homme cherche sa consolation dans l’art. | Cet homme cherche à se consoler dans l’art. | Cet homme cherche que l’art le console. | Cet homme cherche à ce que l’art le console. |
Exemples tirés de la littérature
- La féroce convoitise avec laquelle ses yeux sauvages se fixaient sur le collier de perles d’Isabelle demande à ce qu’on surveille ses démarches.
(Théophile Gautier, cité dans Le bon usage) - Il aime à ce qu’on le considère comme un bon ouvrier.
(Jean-Jacques Gauthier, cité dans Le bon usage) - Il cherchait du moins à ce qu’elle se plût avec lui.
(Proust, cité dans Le bon usage)
Emploi de à ce que avec la restriction ne… que
Notons que, quand le verbe qui introduit la subordonnée est encadré par les éléments de restriction ne… que, l’emploi de à ce que est inévitable.
- Jake ne s’attend qu’à ce que sa sœur soit brièvement présente.
- Il ne demande qu’à ce qu’elle lui donne une chance.