Logique syntaxique : sujet sous-entendu de l’infinitif
Le sujet sous-entendu d’un verbe à l’infinitif précédé d’une préposition et dont la fonction est complément de phrase doit être le même que celui du verbe conjugué de la phrase. Même si cette règle admet des exceptions en littérature, elle doit être respectée de façon générale, particulièrement quand il y a un risque que la formulation entraîneSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : entraine. des difficultés d’interprétation.
Il arrive qu’un verbe à l’infinitif précédé d’une préposition soit introduit dans un énoncé pour y jouer le rôle de complément de phraseMot, groupe de mots ou phrase subordonnée dont la fonction est d’apporter des précisions sur le lieu, le temps, la cause, etc. Par exemple : chaque soir, il lit; il lit chaque soir.
Fait partie de ce qu’on appelle complément circonstanciel en grammaire traditionnelle.. Pour des raisons de clarté, le sujet sous-entendu de ce verbe à l’infinitif doit normalement être le même que le sujet du verbe conjugué de la phrase (ou de la phrase subordonnée) dans laquelle s’insère cet infinitif.
Notons que le verbe à l’infinitif peut être au présent ou au passé; il peut également être employé seul ou former le noyauMot constituant l’élément central et obligatoire du groupe syntaxique. Par exemple, le nom enfant est le noyau du groupe nominal les enfants tranquilles. d’un groupe de mots plus complexe.
- Tout juste après que j’eus quitté la salle de cinéma, mon téléphone cellulaire a sonné. (et non : Tout juste après avoir quitté la salle de cinéma, mon téléphone cellulaire a sonné.) (Ce n’est pas le téléphone cellulaire qui a quitté la salle de cinéma.)
- Pour qu’il dorme mieux, le médecin a recommandé à ton père de manger plus légèrement le soir. (et non : Pour mieux dormir, le médecin a recommandé à ton père de manger plus légèrement le soir.)
- Après qu’elle se fut levée, Éloi a servi le petit déjeuner à son amoureuse. (et non : Après s’être levée, Éloi a servi le petit déjeuner à son amoureuse.)
- Nous espérons que les athlètes, avant de participer à une compétition, soient au sommet de leur forme. (et non : Nous espérons que la forme des athlètes, avant de participer à une compétition, soit à son sommet.)
- L’agente de voyages lui a vendu un forfait adapté à ses besoins afin qu’il puisse voyager en toute quiétude. (et non : L’agente de voyages lui a vendu un forfait adapté à ses besoins afin de pouvoir voyager en toute quiétude.)
La règle qui vient d’être énoncée admet cependant plusieurs exceptions. En réalité, quand le contexte permet de lever toute équivoque, on ne détecte généralement pas l’infinitif complément de phrase dont le sujet sous-entendu diffère de celui du verbe conjugué de la phrase (ou de la subordonnée). C’est le cas notamment dans certaines tournures passives ou impersonnelles.
Néanmoins, dans les textes où l’on s’attend à ce que la rédactrice ou le rédacteur respecte parfaitement les prescriptions grammaticales, par exemple dans la correspondance administrative et dans les travaux scolaires, il est préférable de ne pas s’écarter de la règle.
- En vue de renouveler la convention collective, une entente de principe a été conclue entre le syndicat et l’employeur.
- Pour ensemencer, il doit faire assez chaud.
Cependant, dans tous les cas, si un énoncé comprenant un infinitif complément de phrase cause des difficultés d’interprétation, il devrait être reformulé.
- Éric a découvert que son fils avait rangé sa chambre sans le lui dire. (ou : Éric a découvert que son fils avait rangé sa chambre, mais il ne le lui a pas dit.; et non : Sans le lui avoir dit, Éric a découvert que son fils avait rangé sa chambre.)