L’affrication
L’affrication est un phénomène phonétique qui consiste à articuler une consonne en deux phases, la première étant une occlusion, comme pour [b], [k], [g], ou [t], et la seconde une constriction, par exemple pour [v], [s], [ʃ] ou [ʒ]. En français québécois, les consonnes [t] et [d] sont généralement affriquées devant les voyelles [i] et [y], devant les voyelles relâchées correspondantes [ɪ] et [ʏ] ainsi que devant les semi-voyelles [j] et [ɥ].
Pour mieux comprendre
Une consonne affriquée résulte de la combinaison d’une obstruction totale du passage de l’air (occlusion) dans le conduit vocal et d’un resserrement (constriction) presque simultané de celui-ci.
Exemples en langues étrangères
Dans le mot espagnol ocho, qui se prononce [otʃo] (otcho), la consonne représentée par la graphie ch est une affriquée : [tʃ] (tch) est le résultat de la combinaison de [t] (t) et de [ʃ] (ch), respectivement une occlusive et une constrictive.
De même, on trouve une consonne affriquée dans le mot anglais joke, dont la graphie j se prononce [dʒ] (dj), ou encore dans les mots italiens pranzo [pʀandzo] (prandzo) et giorno [dʒjoʀno] (djiorno).
Affrication des consonnes [t] et [d] en français québécois
Dans le français parlé au Québec, les consonnes [t] et [d] sont généralement affriquées devant les voyelles [i] et [y] et sont prononcées [ts] et [dz], alors que devant les autres voyelles et les consonnes, elles sont normalement prononcées [t] et [d].
À l’intérieur d’un mot
Lorsque [t] ou [d] + [i] ou [y] se suivent à l’intérieur d’un mot, l’affrication est normale et habituelle chez le locuteur québécois.
Dans une liaison entre deux mots
Lorsque l’enchaînementSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : enchainement. [t] ou [d] + [i] ou [y] s’effectue dans une liaison entre deux mots, l’affrication devient facultative : certains la font, d’autres non.
- un acolyte idéaliste [œ̃nakɔlitidealist]un-na-ko-li-ti-dé-a‑list
- un camarade unique [œ̃kamaʀadynik]un-ka-ma-ra-du-nik
Il y a cependant une exception à cette règle : l’inversion du verbe et des pronoms sujets il et ils (peut-il, vont-ils), où l’affrication se fait toujours, comme s’il s’agissait d’un seul mot.
Devant les semi-voyelles et les voyelles relâchées
L’affrication des consonnes [t] et [d] en français québécois suit les mêmes règles devant les semi-voyelles (aussi appelées semi-consonnes) [j] et [ɥ].
Il en va de même devant les voyelles relâchées [ɪ] et [ʏ].
- peinture [pẽtsʏʀ] (pin‑tsur)
- partir [paʀtsɪʀ] (par‑tsir)