Les emprunts déconseillés rush, rusher et rushant
L’emprunt intégral à l’anglais rush est parfois utilisé au sens d’« affluence », d’« effort final » ou d’« épreuves de tournage ». Même s’il est en usage depuis longtemps, rush est déconseillé.
La prononciation à l’anglaise de la suite de lettres ush ne concorde pas avec la prononciation attendue en français. Rush ne s’intègre donc pas naturellement à la langue française. En outre, il n’est pas valorisé dans l’usage standard au Québec et est critiqué dans la plupart des ouvrages correctifs. De nombreux équivalents peuvent remplacer cet emprunt, de même que ses dérivés rusher et rushant.
Rush, au sens d’« affluence » ou de « cohue »
L’emploi de rush est déconseillé pour exprimer l’idée d’une foule tumultueuse en un lieu donné ou d’un grand nombre de personnes qui se dirigent dans une même direction, vers un même endroit. Il existe plusieurs noms ou expressions en français pour exprimer l’une ou l’autre de ces idées, par exemple affluence, afflux, bousculade, cohue, heure d’affluence, heure de pointe ou ruée.
- C’est déjà la cohue du temps des fêtes dans les magasins. (et non : le rush du temps des fêtes)
- Le musée a connu un afflux de visiteurs et de visiteuses lors de sa dernière exposition. (et non : un rush de visiteurs et de visiteuses)
- L’heure de pointe du retour à la maison lui a paru interminable. (et non : Le rush du retour)
Rush, au sens d’« effort final »
Rush s’est répandu dans le domaine du sport avec le sens d’« effort décisif réalisé en fin de course »; il est d’abord apparu en français en parlant de courses de chevaux, puis en parlant de n’importe quel sport de vitesse. Différentes expressions françaises peuvent remplacer cet emploi, par exemple dernier effort, effort final, effort ultime, accélération finale ou pointe finale.
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L’accélération finale de cette coureuse a suscité l’admiration de la foule. (et non : Le rush de cette coureuse)
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Ce pilote automobile est arrivé second malgré l’effort ultime qu’il a fait. (et non : malgré le rush qu’il a fait)
Rushes, au sens d’« épreuves de tournage »
Au pluriel, rushes s’utilise dans les domaines du cinéma et de la télévision pour parler des prises de vue brutes. Même s’il est répandu dans l’usage, cet emprunt fait l’objet de réserves en langue de spécialité, et son emploi demeure par ailleurs critiqué dans plusieurs ouvrages et n’est pas reconnu en français. Ainsi, parce qu’il n’est pas neutre, il est préférable d’opter pour son équivalent français épreuves de tournage ou pour la forme courte épreuves.
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Les acteurs et les actrices ont visionné les épreuves de tournage du film avec grand intérêt. (plutôt que : les rushes du film)
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Toute l’équipe de montage travaillera aux épreuves dès la semaine prochaine. (plutôt que : travaillera aux rushes)
Les dérivés rusher et rushant
Le verbe rusher s’est répandu au Québec, surtout dans la langue familière, pour exprimer l’idée d’agir avec acharnement, sous pression ou dans l’urgence. Cette forme dérivée de l’emprunt rush est déconseillée et peut être remplacée, selon le contexte, par différents verbes ou locutions : travailler avec acharnement, se démener, se dépêcher, se ruer, être débordé, accélérer, presser, précipiter, etc.
- J’ai travaillé avec acharnement sur mes travaux scolaires de fin de session. (et non : J’ai rushé sur mes travaux)
- Lise s’est démenée pour avoir le poste de directrice. (et non : Lise a rushé)
- Comme chaque année, les employés du magasin seront débordés le jour des soldes de l’Après-Noël. (et non : les employés du magasin vont rusher)
- L’entrepreneur a accéléré la construction de l’immeuble avant l’arrivée des grands froids. (et non : L’entrepreneur a rushé la construction)
Quant à l’adjectif dérivé rushant, on le rencontre parfois au Québec avec le sens de « difficile » ou de « stressant ». Cet emploi, qui relève lui aussi de la langue familière, est également déconseillé. Selon le contexte, on peut choisir différents adjectifs, tels que difficile, stressant, compliqué, complexe, éprouvant, fatigant ou ardu.
- Pour la majorité des étudiants et des étudiantes, la fin de session est un moment stressant. (et non : un moment rushant)
- L’ascension de cette montagne était tellement difficile que j’ai bien failli rebrousser chemin. (et non : tellement rushante)