Juger et ses compléments
Le verbe juger peut être employé de façon transitive avec un complément direct ou indirect en fonction de son sens. Dans la construction transitive indirecte, le complément est introduit par la préposition de. D’autres compléments peuvent être introduits par à, d’après, de, en, par, sans, selon et sur.
Juger quelque chose ou quelqu’un
Tout d’abord, dans le domaine du droit, au sens de « prononcer une décision en qualité de juge », juger est suivi d’un complément direct, c’est-à-dire qui n’est pas introduit par une préposition.
- On jugera son crime au cours des prochains mois.
Par extension, juger signifie « prendre une décision en tant qu’arbitre », notamment en départageant des personnes en concurrence.
- Ma grande sœur jugeait régulièrement les conflits entre mon frère et moi.
En parlant de personnes ou de choses, il a le sens d’« émettre une opinion, un avis », entre autres sur des aspects esthétiques ou moraux.
- Tu ne devrais pas juger un livre seulement d’après son résumé.
- Ne trouves-tu pas qu’elle juge les autres trop sévèrement?
Complément exprimant ce sur quoi est basé le jugement
Au complément direct de juger peuvent se joindre d’autres compléments introduits par différentes prépositions selon le complément, notamment à, d’après, de, en, par, sans, selon et sur. Ces compléments expriment entre autres ce sur quoi s’appuie le jugement.
- Notre patron devrait apprendre à juger ses employés à leur juste valeur.
- Je n’aime pas sa façon de juger les gens d’après leur apparence.
- Elle juge les jeunes uniquement sur leurs comportements.
- Cet enseignant a jugé ton rapport selon des critères beaucoup trop stricts.
Juger quelque chose ou quelqu’un + adjectif attribut du complément direct
Juger peut aussi signifier « estimer, considérer comme » lorsqu’il est suivi d’un adjectif attribut du complément direct. Ce complément direct, ce sur quoi porte le jugement, peut prendre la forme d’un nom, d’un pronom, d’un verbe à l’infinitif précédé de la préposition de ou d’une subordonnée introduite par la conjonction que.
- Il juge cette traductrice compétente.
- Ce dossier que vous lui aviez transmis, elle le jugeait incomplet.
- J’ai jugé bon de partir avant la fin de la soirée.
- Il a jugé utile que tu le rencontres avant son départ.
Juger de quelque chose
Employé avec un complément indirect seulement, juger est suivi de la préposition de. Il peut avoir le sens d’« émettre une appréciation, un jugement », en parlant surtout de choses abstraites.
- Selon quels critères devrait-on juger de la qualité d’un site Web?
- Il est encore trop tôt pour juger des aptitudes langagières de cet enfant.
Juger + phrase subordonnée
Lorsque juger introduit une phrase subordonnée, le verbe de cette subordonnée est à l’indicatifMode permettant d’exprimer et de situer dans le temps une action ou un état qu’on se représente comme une réalité ou comme une certitude. Le présent, l’imparfait, le futur simple et le passé composé, notamment, sont des temps grammaticaux de l’indicatif. si juger est employé à la forme positive.
- Je juge qu’il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour réussir.
Le verbe de la subordonnée est généralement au subjonctifMode permettant d’exprimer une action ou un état qu’on se représente comme une possibilité ou comme un fait incertain. Par exemple, le verbe dire dans Je doute qu’il dise la vérité est au subjonctif. (l’indicatif étant également possible) si juger est à la forme négative ou si la phrase est de type interrogatif.
- Nous ne jugeons pas que tu aies voulu partir. (ou : Nous ne jugeons pas que tu as voulu partir.)
- Juges‑tu que son départ soit indispensable? (ou : Juges-tu que son départ est indispensable?)