Pronoms personnels employés avec un verbe à l’impératif
Dans une phrase affirmative, lorsqu’un verbe à l’impératif est employé avec deux pronoms, celui qui est complément direct se place immédiatement après le verbe, suivi du pronom complément indirect.
- Ce livre nous appartient. Rendez-le-nous. (Rendez-nous quoi? Ce livre : le, mis pour livre, est complément direct. Rendez ce livre à qui? À nous, complément indirect.)
- Cette lettre est pour elles. Adresse-la-leur. (Adresse-leur quoi? Cette lettre : la, mis pour lettre, est complément direct. Adresse la lettre à qui? À leur, complément indirect.)
- J’aimerais le savoir; dites-le-moi le plus tôt possible. (Dites quoi? Le, complément direct. Dites à qui? À moi, complément indirect.)
- Laisse-le nous montrer quelques tours de magie. (Nous est complément indirect de montrer, et non de laisse.)
Inversion de l’ordre des pronoms et phrase impérative
On rencontre parfois l’inversion de l’ordre habituel des pronoms dans une phrase impérative, surtout à l’oral. Il est toutefois préférable d’éviter cet usage, surtout dans la langue écrite.
- Cet ouvrage est à moi. Donne-le-moi. (et non : Donne-moi-le)
- Nous avons acheté des meubles ici il y a déjà trois semaines. Livrez-les-nous dès que possible. (et non : Livrez-nous-les)
Trait d’union entre le verbe et le pronom
Notons qu’il y a un trait d’union entre le verbe et les pronoms. Toutefois, lorsque le pronom est complément de l’infinitif qui le suit, les traits d’union disparaissent. Pour savoir si un pronom se rapporte ou non à l’infinitif, il faut mettre la phrase à l’indicatif. Les pronoms situés avant le verbe conjugué se rapportent à celui-ci et seront donc liés par un trait d’union à l’impératif.
- Quand tu as un problème, viens nous le dire. (« Quand tu as un problème, tu viens nous le dire. » Les pronoms nous et le ne sont pas situés avant le verbe conjugué viens, donc ils ne sont pas liés à viens par un trait d’union.)
- Laissons-la lui raconter son histoire. (« Nous la laissons lui raconter son histoire. » Le pronom la est situé avant le verbe conjugué laissons, donc il est lié à laissons par un trait d’union.)
Phrase négative
Au contraire, dans une phrase négative qui comporte deux pronoms et un verbe à l’impératif, les deux pronoms se placent devant le verbe, et le complément direct se trouve en seconde position. De plus, il n’y a pas de trait d’union entre le verbe à l’impératif et les pronoms.
- Ces places nous déplaisent. Ne nous les réserve pas. (et non : Réserve-nous-les pas)
- Je ne veux pas le savoir. Ne me le dis pas. (et non : Dis-moi-le pas)
Cette règle ne s’applique cependant pas avec les pronoms lui et leur, qui se placent en second lieu.
- Ce cadeau ne lui est pas destiné. Ne le lui offrez pas.
- Ces gens ont vraiment besoin de notre aide. Ne la leur refusons pas.
Les pronoms en et y
Position et emploi du trait d’union
Les pronoms en et y se placent toujours en seconde position lorsqu’ils sont employés dans une phrase à l’impératif avec un autre pronom, que cette phrase soit affirmative ou négative. On notera que les pronoms sont liés par un trait d’union dans les phrases affirmatives, mais pas dans les phrases négatives.
- Les dépliants sont sur la table. Offrez-leur-en.
- Cette offre n’est pas valable. Ne vous y fiez pas.
- Cette balustrade est solide. Appuyez-vous-y.
- Mes enfants ont trop mangé de friandises; ne leur en donnez plus.
Élision des pronoms me et te
Devant les pronoms en et y, on fait l’élision des pronoms me et te (qui se substituent à moi et toi). Cependant, dans la langue orale populaire, on a tendance à recourir erronément aux pronoms toi et moi et à faire une liaison injustifiée avec le son [z] entre ces pronoms et les pronoms en et y. Il n’y a toutefois jamais de s de liaison entre deux pronoms.
- Vous avez de belles pommes. Donnez-m’en un kilo. (et non : Donnez-moi-z-en ni Donnez-moi-z’en)
- Je ne veux pas oublier de rendre mes livres à la bibliothèque. Fais-m’y penser. (et non : Fais-moi-z-y ni Fais-moi-z’y)
- Je n’ai pas le temps de faire les courses. Occupe-t’en. (et non : Occupe-toi-z-en ni Occupe-toi-z’en)
Rappelons par ailleurs que c’est à la fin d’un verbe conjugué à l’impératif ne comportant pas déjà de s final lorsque ce verbe est suivi des pronoms en ou y qu’on ajoute un s euphonique (par exemple : penses-y, donnes-en). Cet ajout permet d’éviter les hiatus qui nuisent à la prononciation.