Obnubiler et le barbarisme obnibuler
Dans le verbe obnubiler, il arrive parfois que soient inversées les lettres u et i, donnant obnibuler. Cette forme est considérée comme un barbarismeFaute qui consiste à déformer un mot ou à confondre deux mots qui se ressemblent. Par exemple, chevals pour chevaux ou aréoport pour aéroport..
En fait, cette erreur est un phénomène phonétique que l’on appelle métathèse, et qui consiste en l’interversion de phonèmes ou de syllabes à l’intérieur d’un mot ou d’un groupe de mots.
Au sens de « obscurcir »
Le verbe obnubiler vient du latin obnubilare, qui signifie « couvrir de nuages ». En français, on l’emploie surtout au sens figuréSens abstrait et imagé d’un mot ou d’une expression. Par exemple, le mot chemin est utilisé au figuré dans le chemin de la vie. d’« obscurcir, affaiblir les facultés mentales de quelqu’un ». Ce verbe peut également avoir le sens plus concret, bien que rarement utilisé, de « couvrir de nuages, de brouillard », employé surtout comme participe passé.
- Cette grande nouvelle a obnubilé son esprit pendant des mois. (et non : a obnibulé son esprit)
- Mes deux chats sont obnubilés par l’aspirateur robot. (et non : sont obnibulés)
- Notre randonnée pédestre s’est terminée sous un ciel obnubilé. (et non : un ciel obnibulé)
Par extension, au sens de « hanter »
Par extensionFait de donner à un mot ou à un groupe de mots un sens nouveau, connexe à son sens d’origine ou plus large que celui-ci. Par exemple, le mot bureau, « meuble, table de travail servant à écrire », a acquis par extension le sens de « pièce dans laquelle se trouve un bureau »., le verbe obnubiler peut être utilisé en parlant d’une personne au sens de « hanter, obséder », surtout dans un emploi passif. Même si certains ouvrages de référence conseillent plutôt de le remplacer dans ce sens par des verbes comme obséder, hanter, tracasser et poursuivre, le verbe obnubiler, qui est attesté dans ce sens depuis le début du XXe siècle, peut très bien s’employer comme un synonyme acceptable de cette série de verbes dans certains contextes, surtout dans la langue littéraire ou soutenue.
- Elle obnubile ses pensées jour et nuit. (et non : obnibule ses pensées)
- Il est obnubilé par un souvenir d’enfance qu’il n’a jamais révélé à quiconque. (et non : il est obnibulé)
Obnubilation
On notera également la graphie du nom obnubilation, qui signifie « action d’obnubiler, obscurcissement » et, en médecine, « ralentissement des facultés psychiques ».