Prononciation de gageure
Le nom féminin gageure se prononce [gaʒyʀ]ga‑jur, comme dans injure, et non [gaʒœʀ] (ga‑jeur) comme dans joueur. Même si les ouvrages recommandent unanimement la prononciation qui rime avec injure, il semble que dans l’usage populaire, et même dans la langue courante, les deux prononciations se côtoient depuis très longtemps.
Les facteurs de confusion
Dès la fin du XVIIe siècle, les lexicographes sentaient déjà le besoin de fournir des indications sur la manière de prononcer le mot gageure, attestant ainsi indirectement une certaine confusion. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hésitation.
Certains avancent l’hypothèse d’une mauvaise interprétation de la finale que l’on aurait assimilée à un suffixe ‑eure (meilleure, majeure), alors qu’il s’agit du suffixe ‑ure. D’autres l’attribuent à l’influence du nom gageur « personne qui gage », courant à cette époque. À tout cela s’ajoute l’influence de l’orthographe sur la prononciation. De plus, le recul de l’emploi du mot gageure devant son concurrent pari, qui allait par la suite le supplanter dans l’usage courant, du moins en France, peut avoir favorisé une prononciation altérée. Au Québec, le mot est resté disponible et même si son synonyme pari est bien connu, il n’a pas encore délogé gageure dans ce sens.
La graphie gageüre
La graphie gageüre, avec un tréma sur le u pour indiquer que la voyelle doit être prononcée avec son timbre propre, est l’une des recommandations des rectifications de l’orthographe de 1990. Cette graphie avait été proposée par l’Académie française en 1975, mais celle-ci y avait renoncé en 1987. L’adoption de la graphie gageüre permettra sans doute de mettre fin à la confusion entourant la prononciation du mot.