Transiger : impropriété et emplois corrects
L’utilisation de transiger dans les sens de « traiter » ou de « faire des affaires » ainsi que l’emploi de se transiger pour « coter » donnent lieu à des impropriétésErreur de vocabulaire consistant à employer un mot ou une expression dans un sens qui est considéré comme inadéquat ou contraire à la norme en usage..
Ces usages, pourtant très fréquents, s’expliquent par le fait qu’on associe spontanément les définitions du verbe à celles du substantif qui y correspond — dans le cas présent transaction —, alors que l’évolution sémantique de ces mots n’est pas toujours la même (voir la section Évolution sémantique des mots transaction et transiger).
- Lorsque nous avons acheté la maison, nous avons traité directement avec le propriétaire. (et non : nous avons transigé)
- Les investisseurs peuvent-ils vraiment faire des affaires au moyen des technologies de l’information en toute sécurité? (et non : transiger)
- Les actions de certaines compagnies prometteuses cotent plusieurs fois leur valeur réelle. (et non : se transigent)
Sens correct
Transiger signifie « faire des concessions réciproques pour parvenir à un accord ». Il a aussi le sens de « faire des compromis, renoncer à une partie de ses exigences relativement à quelque chose ». On transige généralement avec quelqu’un sur ou à propos de quelque chose.
Au figuré, on peut transiger avec sa conscience, l’honneur, etc. On n’agit alors pas selon ce que ses valeurs commanderaient, par faiblesse ou en invoquant des motifs peu valables. C’est le sens attesté le plus répandu de ce mot et il a une connotation morale péjorative.
- La grève s’est finalement terminée après que les parties eurent accepté de transiger.
- Philippe ne transige jamais sur le respect qui lui est dû.
- Même la personne la plus honnête transige parfois avec ses principes.
Ajoutons que, dans la même famille que transiger, on trouve notamment l’adjectif intransigeant, qui signifie « qui ne fait pas de concessions, de compromis ».
Évolution sémantique des mots transaction et transiger
Transaction et transiger sont, à l’origine, des termes de droit et, dans ce domaine, conclure une transaction (mettre fin à une contestation ou la prévenir en réglant les questions litigieuses par des concessions réciproques) revient à transiger. On a ensuite donné à transaction le sens général mais peu usité de « compromis », qui concorde avec les sens propre et figuré de transiger. Transaction a finalement reçu en économie le sens d’« opération commerciale ou boursière ». Cependant, le sens correspondant, qui serait celui de « faire une ou des transactions », n’a pas été attribué à transiger… peut-être parce que la connotation péjorative qu’il revêt souvent a limité les possibilités d’extension des sens de ce verbe.