Le pléonasme s’avérer vrai et l’expression contradictoire s’avérer faux
Bien que l’expression s’avérer vrai soit traditionnellement considérée comme un pléonasme, et l’expression s’avérer faux comme contradictoire, elles ne sont pas toujours fautives. Dans la langue soignée, il est néanmoins préférable de les remplacer par d’autres tournures.
S’avérer vrai, s’avérer faux
Le verbe avérer a été emprunté au latin averare (ou adverare), formé de ad‑ et de verus, qui signifie « vrai ». Étant donné le sens étymologique de ce verbe, l’enchaînementSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : enchainement. s’avérer vrai est traditionnellement vu comme un pléonasme, l’idée de vérité étant présente dans les deux mots. L’enchaînement s’avérer faux, lui, est souvent considéré comme contradictoire.
Il semble toutefois exagéré de condamner ces deux tournures, puisque l’idée de vérité derrière le verbe avérer est de moins en moins sentie, même si on peut encore percevoir un certain rapport, ne serait-ce qu’à l’oreille, entre le verbe avérer et le nom vérité. On doit cependant être conscient que ces deux tournures sont critiquées. On pourra donc préférer remplacer s’avérer, dans la langue soignée, par se révéler, se montrer ou être.
- La rumeur qui circulait depuis quelque temps était vraie. (de préférence à : s’avérait vraie)
- Les prévisions météorologiques se sont vérifiées. (de préférence à : se sont avérées vraies)
- Si ce qu’il a affirmé se révélait faux, nous devrions recommencer l’enquête. (de préférence à : s’avérait faux)
- Les conclusions de cette recherche se sont montrées fausses. (de préférence à : se sont avérées fausses)
Avérer employé de façon transitive et s’avérer employé seul : usages vieillis ou littéraires
Employé transitivement, c’est-à-dire avec un complément directMot ou groupe de mots lié au verbe sans l’intermédiaire d’une préposition et dont la fonction est de le compléter sur les plans du sens et de la syntaxe. Par exemple : elle mange une pomme.
Appelé complément d’objet direct en grammaire traditionnelle., avérer a le sens de « donner comme certain », « reconnaîtreSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : reconnaitre. ou établir comme vrai ».
- L’exercice de la médecine légale implique d’être capable d’avérer des faits.
- Il avère que la recherche scientifique nécessite des subventions.
Lorsque que le verbe pronominal s’avérer est employé seul, il signifie « être reconnu comme vrai, être confirmé ».
- Les qualités pour lesquelles cette ressource a été sélectionnée se sont avérées.
Plusieurs dictionnaires de langue considèrent ces emplois comme vieillis, didactiques, classiques, littéraires ou rares. Cependant, ils subsistent dans l’usage.
Le sens moderne de s’avérer
Aujourd’hui, le verbe pronominal s’avérer s’emploie généralement suivi d’un adjectif, d’une phrase subordonnée introduite par que ou, plus rarement, d’un verbe à l’infinitifMode exprimant de façon générale l’action ou l’état désigné par le verbe. Les verbes à l’infinitif ne se conjuguent pas. Par exemple : danser, sourire, devenir.. Son sens est alors celui de « se révéler », « se montrer », « être ».
- Les tests que nous avons effectués s’avèrent concluants.
- Les démarches que nous avions entreprises s’avèrent inutiles.
- Il s’avère que tu avais raison.
- Cette femme s’est avérée devoir une somme d’argent considérable.