La métaphore
La métaphore est une figure de style qui consiste à établir une comparaison entre deux réalités, comparaison qui est fondée sur une analogie que l’on instaure entre les deux référents. Contrairement à la comparaison proprement dite, la métaphore ne comporte aucun outil de comparaison, c’est-à-dire aucun élément grammatical, par exemple comme, ainsi que, tel, semblable à, explicitant le rapport comparatif.
Relation implicite entre les éléments comparés
La métaphore s’établit entre un terme comparé, celui qui fait l’objet de la comparaison, et un terme comparant, celui qui sert de point de comparaison.
Grammaticalement, le terme comparant peut être en relation d’attribut par rapport au terme comparé.
- Cet homme d’affaires est un requin.
Le terme comparant peut également être complément du nomMot ou groupe de mots dont la fonction est de compléter ou de préciser le sens du nom auquel ce mot ou ce groupe est lié. Par exemple : la maison rouge, la visite de mes parents, le lac Témiscouata, le roman que j’ai lu.
Sont regroupées sous le terme complément du nom les notions d’« épithète », d’« apposition » et de « complément déterminatif » en grammaire traditionnelle. du terme comparé.
- Ce vin de Toscane, nectar pour les palais gourmets, est désormais introuvable.
Le terme comparé et le terme comparant peuvent aussi former un groupe nominalGroupe de mots dont l’élément central est un nom. Par exemple : admire ce magnifique tableau.
Appelé syntagme nominal en grammaire traditionnelle. comportant un complément du nom.
- Une mer de manifestants avait envahi la rue.
Lien de sens comparé/comparant
Le nom employé de façon métaphorique est en quelque sorte détourné de son sens habituel. On ne retient en fait qu’une certaine partie du sens associé normalement à ce mot.
Ainsi, dans le premier exemple, on ne retient de la notion de « requin » que l’aspect de la férocité.
Dans le troisième exemple, le nom mer évoque l’idée d’une vaste étendue de quelque chose, qui n’est pas ici de l’eau.
Ces deux exemples illustrent bien le fait qu’il n’y a pas en soi de lien sémantique permanent entre les deux notions évoquées (homme et requin; mer et manifestants), comme c’est le cas avec la métonymie.
Comparaison reposant sur une analogie
Le terme comparant (requin et mer) et le terme comparé (homme et manifestants) n’appartiennent pas au même champ sémantique. Le rapport entre les deux est purement analogique et ne repose que sur des similitudes que l’on voit entre les réalités que désignent momentanément ces mots.
La métaphore permet ainsi de mettre en évidence, de façon imagée, des caractéristiques de ce dont on parle, dans nos exemples la cruauté de l’homme et le nombre impressionnant de manifestants.
Terme comparé implicite
La métaphore peut également être implicite; le terme comparé est alors absent et sous-entendu.
- Cette faucille d’or dans le champ des étoiles. (Hugo)
- L’innocent paradis, plein de plaisirs furtifs. (Baudelaire)
Dans ces exemples, Hugo compare la lune à une faucille d’or, et Baudelaire, l’enfance à un innocent paradis.
Enrichissement de la langue
La métaphore n’est pas réservée à la langue littéraire bien qu’elle y soit très présente, particulièrement en poésie. Cette figure de style est en effet courante dans la langue générale, autant à l’écrit qu’à l’oral. Elle est même une source importante d’enrichissement lexical. En effet, bien des mots acquièrent un nouveau sens par emploi métaphorique. Ces néologismes de sens finissent par s’instituer dans la langue et ne sont plus perçus alors comme métaphoriques. L’image qu’ils évoquaient au départ s’est estompée; on parle alors de métaphore figée, morte ou lexicalisée.
- Elle est encore dans la fleur de l’âge.
- La racine du mal, c’est l’iniquité institutionnalisée.
- On a annoncé un gel des salaires.
- Mon enfance s’est déroulée sans un nuage.