Différence entre réchapper et rescaper
Les verbes réchapper et rescaper ont un air de famille, mais ils ne sont pas synonymes pour autant : réchapper signifie généralement « s’en sortir, s’en tirer » et rescaper, « secourir (quelqu’un), le sortir d’une situation périlleuse ».
Réchapper
En réchapper
En français actuel, le verbe réchapper s’emploie le plus couramment dans l’expression en réchapper, comme synonyme de s’en sortir ou de s’en tirer.
- Toute la famille a réchappé de l’incendie sans autres blessures.
- Pour le moment, son médecin pense qu’il en réchappera.
Réchapper de, réchapper à
On le relève également suivi de la préposition de (réchapper d’un attentat, réchapper de la guerre) ou, plus rarement, à (réchapper à la crise).
- C’est un miracle que la journaliste ait pu réchapper de l’attentat.
- Ces réfugiés ont réchappé de la guerre qui sévissait dans le pays.
- Nous venons d’apprendre qu’elles ont toutes réchappé à ce terrible naufrage.
- Son état faisait craindre qu’il ne puisse réchapper de l’opération, mais tout s’est bien déroulé.
- Des mesures seront instaurées pour que les ménages puissent réchapper à la crise que traverse le pays.
Réchapper quelque chose
Au Québec, le verbe réchapper dans son emploi transitifRelatif à un verbe qui appelle un complément direct (joint au verbe sans préposition) ou indirect (introduit par une préposition). (réchapper quelqu’un ou quelque chose) est couramment employé au sens de « sauver (un être vivant) d’un danger, d’une maladie, d’une catastrophe » ou « éviter de justesse la perte de (quelque chose) ». Ce dernier sens, aujourd’hui sorti de l’usage dans la langue générale, s’est maintenu non seulement au Québec, mais dans plusieurs régions de France.
- Ils ont pu réchapper quelques objets de l’incendie qui a ravagé une partie de leur maison.
- L’animal a été retrouvé dans un piteux état, mais on a réussi à le réchapper.
- Elle n’a pu réchapper sa plante laissée sans eau depuis son départ.
Sens figuré de réchapper
On relève également des sens figurés qui en découlent (par exemple, réchapper une entreprise).
- Cette aide financière inespérée leur a permis de réchapper l’entreprise qui allait faire faillite.
Rescaper
Pour ce qui est du verbe rescaper, il est donc entré en français par sa forme dialectale de nom (un rescapé) et aussi de participe (être) rescapé, qui s’est maintenue dans la langue, reléguant la forme attendue du français, réchappé, à des emplois sporadiques.
Rescaper est rare dans la langue générale alors qu’il est d’usage courant au Québec.
Origine de la forme rescaper
Rescaper est une forme dialectale de la Wallonie (région francophone de la Belgique), qui correspond à réchapper. C’est d’abord rescapé, nom et adjectif, qui a fait son entrée dans la langue au début du XXe siècle, à la suite d’une tragédie survenue en 1906 dans une mine du Nord de la France. Les médias ont diffusé ce mot, employé par les mineurs et les sauveteurs belges, pour rendre compte de la situation.
La forme dialectale des parlers du Nord de la France était récapper, mais, dans la région wallonne voisine, on disait rescaper, et c’est ainsi qu’est passée dans la langue générale une forme verbale d’origine dialectale qui correspondait au français réchapper. Avec le temps, les deux verbes ont pris des nuances sémantiques qui les distinguent.