Doit-on écrire tous les éléments d’un doublet?
On peut toujours écrire tout au long, de part et d’autre du coordonnant et ou ou, le groupe nominal féminin et le groupe nominal masculin qui composent un doublet d’appellations de personnes; dans certains contextes, cette pratique est même préférable à toute autre, notamment dans les offres d’emploi ou lorsqu’il y a risque de confusion. Cela dit, il est possible de ne pas répéter un ou des éléments dont la forme est la même au masculin et au féminin, ou encore d’omettre certains éléments féminins.
Dans les exemples du présent article, les éléments que l’on peut omettre sont placés entre crochets.
Éléments que l’on peut omettre
Élément dont la forme est la même au masculin et au féminin
Dans la plupart des cas, il n’est pas obligatoire de répéter un élément – déterminant, nom, adjectif, groupe prépositionnel – dont la forme est la même au masculin et au féminin.
- chaque ouvrier ou [chaque] ouvrière
- ces briqueteuses-maçonnes et [ces] briqueteurs-maçons
- le [juge] ou la juge
- des producteurs [agricoles] et [des] productrices agricoles
- une [hygiéniste dentaire] ou un hygiéniste dentaire
- une chargée [de projet] ou un chargé de projet
Déterminant féminin pluriel
Il n’est pas non plus obligatoire d’écrire la variante féminine du déterminant pluriel dont la forme varie selon le genre. Si l’on choisit de l’omettre, on doit respecter la règle de proximité : on place le nom masculin le plus près possible du déterminant pour éviter la juxtaposition d’un nom féminin et d’un déterminant masculin.
- tous les plombiers et [toutes les] plombières (et non : tous les plombières et plombiers)
- certains hockeyeurs ou [certaines] hockeyeuses (et non : certains hockeyeuses et hockeyeurs)
- quels musiciens et [quelles] musiciennes (et non : quels musiciennes et musiciens)
Adjectif féminin pluriel
Il en va de même de la variante féminine de l’adjectif pluriel dont la forme varie selon le genre : il n’est pas obligatoire de l’écrire. Là encore, on doit respecter la règle de proximité qui veut que l’on place le nom masculin le plus près possible de l’adjectif pour éviter la juxtaposition d’un nom féminin et d’un adjectif masculin.
- les représentantes [syndicales] et les représentants syndicaux (et non : les représentants et les représentantes syndicaux)
- des planificatrices [financières] et des planificateurs financiers (et non : des planificateurs et des planificatrices financiers)
Éléments que l’on ne peut pas omettre
Déterminant et nom singuliers dont la forme varie selon le genre
On doit toujours écrire la variante féminine et la variante masculine du déterminant singulier dont la forme varie selon le genre. Il en va de même du nom singulier dont la forme varie selon le genre.
- un boulanger ou une boulangère (et non : un boulanger ou boulangère)
- la candidate ou le candidat (et non : la ou le candidat)
Déterminant élidé l’
On répète obligatoirement le déterminant élidé l’.
- l’amateur ou l’amatrice (et non : l’amateur ou amatrice)
Nom lié à un autre nom par un trait d’union
Lorsque l’appellation de personne est un mot formé de deux noms liés par un trait d’union, on doit nécessairement en écrire la variante féminine et la variante masculine tout au long, et ce, même si l’un des deux noms est épicène.
- l’arpenteur-géomètre ou l’arpenteuse-géomètre (et non : l’arpenteur ou l’arpenteuse-géomètre)
- une infirmière-pivot ou un infirmier-pivot (et non : une infirmière ou un infirmier-pivot)
- les aides-mécaniciens et aides-mécaniciennes (et non : les aides-mécaniciens et mécaniciennes)
Adjectif se rapportant à un nom épicène
On doit écrire la variante masculine et la variante féminine de l’adjectif se rapportant à un nom épicène pluriel. Si l’on omet l’une d’elles, il en résulte une appellation de personne au masculin seulement ou, inversement, au féminin seulement, et non plus un doublet.
- des partenaires commerciales et commerciaux (et non : des partenaires commerciaux)
- les hauts et hautes fonctionnaires (et non : les hautes fonctionnaires)
Il en va de même de l’adjectif se rapportant à un nom épicène introduit par le déterminant élidé l’ : on doit en écrire les deux variantes.
- l’actionnaire principal ou principale (et non : l’actionnaire principal)
- l’analyste financière ou financier (et non : l’analyste financière)
Éléments que l’on peut omettre dans certains contextes seulement
Déterminant numéral
C’est le sens qui dicte s’il faut ou non répéter le déterminant numéral épicène. Il en va de même du déterminant numéral dont la forme varie selon le genre : c’est le sens qui dicte s’il faut ou non en écrire les deux variantes. Lorsque la variante masculine seule est requise, on doit lui juxtaposer le nom masculin pour éviter la contiguïtéSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : contiguité. d’un déterminant masculin et d’un nom féminin.
- trois participantes et participants (total de 3)
- trois participantes et trois participants (total de 6)
- vingt et un demandeurs et demandeuses (total de 21) (et non : vingt et un demandeuses et demandeurs)
- vingt et un demandeurs et vingt et une demandeuses (total de 42)
Nom épicène et adjectif féminin
Lorsque l’appellation de personne est composée d’un nom épicène au singulier et d’un adjectif dont la forme varie selon le genre, il n’est pas obligatoire d’écrire la variante féminine de ce nom et de cet adjectif. On optera toutefois pour l’omission seulement si le contexte permet de comprendre que l’adjectif masculin s’applique aussi au nom féminin sous-entendu, par exemple après avoir déjà écrit les deux groupes nominaux tout au long dans le texte. La règle de proximité – qui veut que l’on place le nom masculin le plus près possible de l’adjectif pour éviter la juxtaposition d’un nom féminin et d’un adjectif masculin – s’applique alors.
- la [journaliste sportive] ou le journaliste sportif
- une [designer industrielle] ou un designer industriel
- la [haute fonctionnaire] ou le haut fonctionnaire
Complément du nom
Lorsque l’appellation de personne est composée d’un nom dont la forme varie selon le genre et d’un complément du nom (adjectif, nom ou groupe prépositionnel), il n’est pas obligatoire d’écrire ce complément du côté de la variante féminine. On optera toutefois pour son omission seulement si le contexte permet de comprendre que le complément du nom restant s’applique aussi au nom féminin, par exemple après avoir déjà écrit au moins une fois les deux groupes tout au long dans le texte. Et là aussi, on doit observer la règle de proximité qui veut que l’on place le nom masculin le plus près possible du complément du nom masculin.
- une ingénieure [forestière] ou un ingénieur forestier (et non : un ingénieur ou une ingénieure forestier)
- l’aidante [naturelle] ou l’aidant naturel (et non : l’aidant ou l’aidante naturel)
- les agentes [d’information] et les agents d’information (ou : les agents [d’information] et les agentes d’information)
- des tierces [bénéficiaires] et des tiers bénéficiaires (ou : des tiers [bénéficiaires] et des tierces bénéficiaires)
On écrit toujours le complément du nom du groupe nominal féminin lorsque son omission risque de générer une confusion ou de perpétuer certains stéréotypes sexistes, notamment ceux en lien avec le niveau hiérarchique ou le statut social.
- une immigrante investisseuse ou un immigrant investisseur (et non : une immigrante ou un immigrant investisseur)
- la directrice générale ou le directeur général (et non : la directrice ou le directeur général)
- des infirmières en chef et des infirmiers en chef (et non : des infirmières et des infirmiers en chef)
- les secrétaires générales et les secrétaires généraux (et non : les secrétaires et les secrétaires généraux)