Les verbes débarquer et embarquer
Les verbes embarquer et débarquer peuvent signifier « monter à bord » ou « descendre » d’un navire, d’une embarcation, d’un avion ou d’un train, entre autres. Cependant, si l’on parle de monter dans ou sur toute autre chose, l’emploi de ces verbes relève du registre familier.
Emploi correct
Dérivés de barque, les verbes embarquer (parfois en construction pronominale) et débarquer ont d’abord été employés au sens de « monter à bord » ou de « descendre » d’un navire ou d’une embarcation. Par extension, leur usage s’est ensuite appliqué à l’avion et même au train ou à tout autre moyen de transport ferroviaire.
- Ils se sont embarqués à New York pour une croisière de dix jours. (ou : Ils ont embarqué)
- L’avion avait de l’avance; les passagers ont finalement embarqué plus tôt que prévu.
- Je l’ai aperçu en débarquant sur le quai de la gare.
- Quand tu débarqueras du tramway, monte dans le premier taxi et rejoins-moi vite au studio.
Registre familier
Lorsqu’il est question de monter dans tout autre véhicule (voiture, autobus, etc.), dans un ascenseur, sur un meuble ou sur toute autre chose (un vélo, une clôture, un chariotSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : charriot., etc.), l’usage d’embarquer, ou de son contraire débarquer, relève du registre familier. On peut les remplacer, dans les contextes où la langue familière n’est pas appropriée, par les verbes monter (ou faire monter, grimper, s’engouffrer, etc.) et descendre (ou sortir).
- La chauffeuse du taxi a fait monter son dernier client à 10 heures. (plutôt que : a fait embarquer)
- Dans cet autobus, les deux amoureux n’ont pas vu le temps passer, oubliant même de descendre à l’arrêt. (plutôt que : de débarquer)
- Elle m’a offert de monter avec elle pour aller à Montréal. (plutôt que : d’embarquer)
- L’éducateur a expliqué au petit, grimpé sur la table, qu’il fallait descendre de là pour éviter un accident. (plutôt que : qu’il fallait débarquer)
Origine de embarquer et débarquer
Au Québec, les emplois des verbes embarquer et débarquer dans le sens de « monter » dans tout véhicule ou d’en « descendre » ont été critiqués, et ce, dès les premiers ouvrages correctifs du milieu du XIXe siècle.
L’influence du français maritime dans la langue québécoise a souvent été invoquée pour expliquer leur généralisation dans l’usage québécois, mais on peut douter que cette influence ait été aussi grande. Il est permis de croire que ces usages dits maritimes étaient déjà passés dans la langue générale en France, mais n’étaient tout simplement pas encore répertoriés dans les dictionnaires de l’époque.
Quoi qu’il en soit, à la fin du XIXe siècle, les lexicographes rendent compte de cette extension sémantique en France. Déjà Littré définissait ainsi s’embarquer : « Par extension, se mettre dans un véhicule quelconque pour aller d’un lieu à un autre », et l’illustre par les exemples suivants : s’embarquer dans une diligence, dans un wagon.
Parmi les ouvrages européens récents, on trouve notamment Le grand Robert de la langue française, qui donne comme familier embarquer un passager dans sa voiture ou s’embarquer dans une voiture, et Le petit Larousse, qui définit, sans marque d’usage, embarquer « faire monter » ou s’embarquer « monter » (à bord d’un navire, d’un avion, d’un véhicule).