Le zeugme
Le zeugme est l’association, à un même mot, de deux éléments incompatibles puisqu’ils se construisent de façon différente sur le plan syntaxique ou sémantique.
Le zeugme syntaxique
Le zeugme syntaxique, ou de construction, consiste à rattacher à un mot, le plus souvent un verbe, deux compléments qui ne se construisent pas de la même façon.
Dans le premier exemple qui suit, on joint au même verbe, croyait, un complément indirectMot ou groupe de mots souvent lié au verbe par une préposition et dont la fonction est d’en compléter le sens. Par exemple : il va au Japon.
Appelé complément d’objet indirect en grammaire traditionnelle., à son étoile, et un complément directMot ou groupe de mots lié au verbe sans l’intermédiaire d’une préposition et dont la fonction est de le compléter sur les plans du sens et de la syntaxe. Par exemple : elle mange une pomme.
Appelé complément d’objet direct en grammaire traditionnelle., qu’un certain bonheur lui était dû.
- Il croyait à son étoile et qu’un certain bonheur lui était dû. (André Gide)
- Ils savent compter l’heure et que la terre est ronde. (Musset)
- À toutes choses égales, il vaut mieux s’enfoncer dans la nuit qu’un clou dans la fesse droite, ou gauche, selon le cas ou les circonstances. (Pierre Dac)
Le zeugme est fréquemment utilisé dans la langue littéraire à des fins stylistiques, car il crée un effet de surprise par des associations incongrues.
Toutefois, il est généralement condamné en linguistique et en traduction, où il est considéré comme une erreur de syntaxe.
Le zeugme sémantique
Le zeugme sémantique, aussi appelé attelage, consiste quant à lui à joindre à un mot deux compléments disparates quant à leur signification. Ce type de zeugme se traduit généralement par le rapprochement de deux éléments de nature lexicale différente, l’un étant concret et l’autre étant abstrait.
- Vêtu de probité candide et de lin blanc. (Victor Hugo)
- Les marchands de boisson et d’amour. (Guy de Maupassant)
- Contre ses persiennes closes, Mme Massot tricote, enfermée dans sa chambre et dans sa surdité. (Roger Martin du Gard)