Emploi et sens de soi-disant
Soi-disant, qui est invariable, s’est d’abord dit des personnes et à propos de qualités qu’elles s’attribuaient. Son emploi s’est étendu avec le temps à des choses ou à des défauts, pouvant ainsi qualifier des personnes ou des choses qui passent pour ce qu’elles ne sont pas.
Soi-disant, au sens de « qui se dit »
L’adjectif soi-disant a été formé à partir du pronom soi et du participe présent disant, signifiant ainsi « qui se dit »; un soi-disant docteur est donc une personne qui se dit docteur.
- Les soi-disant héritiers se sont manifestés aussitôt après l’annonce de sa mort.
- L’enquête a démontré que le soi-disant docteur n’avait en fait aucun diplôme.
Soi-disant, au sens de « prétendu »
Le temps et l’usage ont fait que l’emploi de soi-disant s’est étendu à des choses ou à des défauts, et que l’adjectif est devenu un synonyme de prétendu. Jusqu’ici, les grammairiens et les lexicographes ont généralement mentionné que l’emploi était critiqué, bien que courant, en parlant de choses. Certains cependant, comme Le grand Robert, admettent désormais l’extension de sens et ne la donnent plus comme critiquée.
- Le soi-disant accord de paix signé par les deux parties en conflit n’a pas été respecté.
- Dans ce pays, la soi-disant liberté de parole était à l’époque parfois bafouée.
- Ses soi-disant secrets étaient connus de tous.
- Le soi-disant voleur n’était en fait que son fils qui avait emporté les documents par inadvertance.
Soi-disant, au sens de « prétendument »
Si certains continuent de défendre le sens originel et condamnent son extension sémantique, d’autres y voient une extension normale, et même prévisible, du mot, d’autant plus que son emploi adverbial, au sens de « prétendument », n’est pas contesté; comme adverbe, soi-disant peut modifier un adjectif, un verbe, un complément ou une proposition.
- Le conférencier en a profité pour dénoncer l’indifférence de ces sociétés soi-disant civilisées.
- L’homme a refusé d’y aller, il est soi-disant trop vieux pour ce genre d’activité.
- Le président aurait soi-disant démissionné.
- La voiture appartenait soi-disant à sa mère.
- Il voulait vendre sa maison soi-disant pour en acheter une autre.
- Il est monté soi-disant faire sa sieste.
- Il a été emprisonné soi-disant parce qu’il aurait transmis des informations confidentielles.
Soi-disant que
Le subordonnant composéSubordonnant constitué de plusieurs mots invariables joints par soudure (quoique) ou par juxtaposition (parce que, même si), dont le rôle est de lier une phrase subordonnée à une autre phrase ou à un groupe de mots dont elle dépend, et d’indiquer la nature du lien qui les unit. soi-disant que relève de la langue familière. Dans un registre neutre, on peut lui substituer les équivalents suivants : sous prétexte que, on prétend que, il paraîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : parait. que ou il paraîtraitSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : paraitrait. que.
- Il paraîtrait que la direction n’était pas disponible pour nous recevoir. (ou, familièrement : Soi-disant que la direction)
- Il a refusé notre invitation, sous prétexte qu’il était trop occupé (ou, dans la langue familière : soi-disant qu’il était trop occupé).
Soi-disant : invariabilité et orthographe
Enfin, il faut noter que soi-disant est invariable en genre et en nombre. Son orthographe pose aussi problème, car on le trouve très souvent écrit avec un t à soit (soit-disant), et ce, tant au Québec qu’en France; cela atteste l’évolution sémantique du mot qui n’est plus compris au sens de « qui se dit ».