Solution de continuité : impropriété et emplois corrects
L’utilisation de la locution solution de continuité dans le sens de « manière d’assurer la continuité » est à l’origine de contresens indus, car une solution de continuité, c’est un point de rupture dans une continuité. Il existe plusieurs expressions qui permettent d’y remédier.
- Toutes les entreprises doivent mettre en place des mesures palliatives afin de pouvoir assurer des services si une panne des systèmes informatiques survenait. (et non : une solution de continuité)
- Les professeurs cherchent à établir un moyen d’assurer la continuité de l’apprentissage qui amènerait les parents à participer plus activement à la vie scolaire de leur enfant. (et non : une solution de continuité)
- Le gouvernement proposera une solution assurant un passage facile de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire. (et non : une solution de continuité)
- Le corpus théorique qui permettrait d’établir un lien entre l’univers hypothétique de l’au-delà et le nôtre reste à construire. (et non : une solution de continuité)
Origine de l’erreur : le sens du mot solution
Pour comprendre l’origine de cette erreur, il faut se reporter au sens du mot solution. Il faut se rappeler que, même si ce nom correspond souvent au verbe résoudre (comme dans la solution d’un problème ou d’une énigme), il peut aussi correspondre au verbe dissoudre (comme dans une substance en solution ou une solution liquide).
Emploi correct
La locution solution de continuité signifie « rupture, interruption qui se présente dans la continuité de quelque chose de concret ou d’abstrait ». Elle désigne donc un point de rupture, une séparation.
- En construction métallique, le terme joint désigne toute liaison établie dans une structure qui présente une solution de continuité.
- Toute solution de continuité dans le processus provoque l’inconfort du malade.
- Le traitement doit être appliqué sans solution de continuité pendant quinze jours.
- Dans chaque acte de la pièce, les choses se déroulent sans solution de continuité.
Un peu d’étymologie
Le mot solution a été emprunté au latin classique solutio, qui signifiait notamment « explication », mais aussi « dissolution, désagrégation ». Le verbe latin solvere, quant à lui, signifiait « détacher, délier », sens qui a donné naissance aux extensions « résoudre (dénouer, en parlant d’une difficulté) » et « désagréger, dissoudre ». Par ailleurs, au XVIe siècle, on utilisait aussi la locution solution de mariage, qui signifiait « divorce ».
La locution solution de continuité est attestée depuis 1314. Elle appartenait alors au vocabulaire de la chirurgie et désignait les plaies et les fractures. Par analogie, elle s’est par la suite dite de choses concrètes, puis abstraites, respectivement aux XVIe et XVIIe siècles, pour signifier « séparation ».