La formulation par le biais de
La locution par le biais de, au sens d’« au moyen de » – sans sous-entendre qu’il s’agit d’un moyen détourné –, est tout à fait correcte, généralisée dans l’usage tant au Québec qu’ailleurs dans la francophonie. Elle est même attestée dans le discours de spécialistes de la langue.
L’absence de cet emploi dans les dictionnaires a certainement contribué à justifier la condamnation de celui-ci au Québec. Un réexamen de cette locution permet aujourd’hui de la considérer comme acceptable.
- Certains recourent aux chasseurs de têtes, d’autres préfèrent recruter directement par le biais de leurs propres concours.
- L’entreprise est présente dans plus de douze pays par le biais de distributeurs agréés.
- Les données sont collectées par le biais d’un formulaire.
- La maladie est susceptible d’être transmise à l’homme par le biais de viande contaminée.
- Il est possible de joindre l’association par téléphone ou par le biais de son site Web.
- Afin de mieux répondre aux besoins des étudiants, les universités offrent de plus en plus de cours par le biais de l’enseignement à distance.
Biais : sens neutre et valeur péjorative
Il semblerait, d’après ce que l’on peut trouver dans les dictionnaires, que, dès la seconde moitié du XIXe siècle, les lexicographes aient donné une valeur péjorative à biais, en omettant le sens neutre « moyen ».
Dictionnaire de l’Académie française
Dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, parue en 1694, on trouvait biais au sens de « moyen dont on peut se servir pour réussir quelque chose ». Cette acception, ainsi formulée, restera jusqu’à la huitième édition, en 1932. Dans la neuvième, la plus récente, la définition est devenue « moyen ingénieux, indirect ou détourné pour arriver à ses fins ». Pourtant, une recherche en texte intégral dans ce même dictionnaire permet de découvrir plusieurs occurrences du sens neutre de « moyen ». Par exemple, on lit qu’une relation épistolaire est une relation « qui s’établit par le biais d’une correspondance écrite ». On y définit aussi psychothérapie comme une « méthode thérapeutique visant à soigner les troubles psychiques ou somatiques par le biais d’un travail psychique ».
Autres ouvrages dictionnairiques
Littré consigne le sens de « moyens détournés qu’on emploie pour réussir ». À contre-courantSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : contrecourant., le Trésor de la langue française (1971‑1994) enregistre biais avec les deux valeurs, péjorative et non péjorative. Le petit Robert présente biais « moyen pour accomplir (qqch.) » comme un régionalisme en France, mais on peut trouver dans l’ouvrage des occurrences de par le biais de, où biais a simplement le sens de « moyen », dans des contextes qui ne sont pas régionaux. On lit par exemple dans l’article cyberculture : « culture développée et véhiculée par le biais d’Internet ».
Presse francophone
Une recherche dans la presse francophone, du Québec ou d’ailleurs, montre à l’évidence que par le biais de est très largement répandu, et dans des contextes où son emploi ne sous-entend aucune intention de ruse ou de subterfuge.
Par le biais de : solutions de remplacement
Comme on peut donner à biais le sens général de « moyen », rien ne justifie de condamner la locution par le biais de au sens de « au moyen de ». Cela dit, comme celle-ci est particulièrement répandue, il serait sans doute bon de recourir parfois à d’autres formules, afin d’éviter les répétitions. Selon le contexte, on peut utiliser l’une ou l’autre des constructions ou prépositions suivantes :
- à l’aide de
- au moyen de
- grâce à
- par
- par le truchement de
- par l’entremise de
- par l’intermédiaire de