Les homophones ban et banc
Ban et banc sont des homophones, c’est-à-dire des mots de même prononciation, mais de sens différents.
Ban
Ban, au sens de « proclamation »
Ban vient du francique, une ancienne langue germanique, où il signifiait « proclamation ». Ce sens a subsisté en français pour désigner la proclamation solennelle d’un futur mariage, notamment dans l’expression publier, afficher les bans.
- Les bans du mariage de Dominique et de Claude sont publiés à l’église du village.
Par extension, on trouve l’expression ouvrir, fermer le ban pour parler du fait de marquer le début ou la fin d’une proclamation par un roulement de tambour ou une sonnerie.
- Les musiciens ont ouvert le ban de la cérémonie avec intensité.
Ban peut aussi désigner des applaudissements rythmés, bien que ce sens soit parfois considéré comme familier.
- Un ban pour le jubilaire! (ou, dans la langue soutenue : Des applaudissements pour le jubilaire!)
Ban, au sens de « convocation »
Ban désignait autrefois dans le langage féodal la convocation des vassaux par le suzerain et, par extension, le corps des vassaux convoqués. Aujourd’hui, on retrouve ce sens dans l’expression convoquer le ban et l’arrière-ban, c’est-à-dire « convoquer l’ensemble des membres d’un groupe ou toutes les ressources humaines possibles ».
- Le ministre a convoqué le ban et l’arrière-ban de la communauté artistique pour témoigner de la vitalité culturelle du pays à l’occasion de ce sommet historique.
Dans le langage parlementaire canadien, on trouve aussi l’expression député d’arrière-ban, qui désigne un simple député, un député de l’arrière-plan.
Ban, au sens d’« exil »
Au sens d’« exil », ban apparaîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : apparait. dans l’expression mettre au ban, c’est-à-dire « déclarer indigne, condamner devant la collectivité », et dans être en rupture de ban, soit « être en état de rupture avec son milieu social ». De nombreux mots sont issus de ban : banal, banalement, banlieue, bannir, bannissement, etc.
- Baudelaire a été mis au ban de la société en raison de la soi-disant immoralité de son œuvre.
- Cet homme est en rupture de ban avec sa famille depuis des années.
Banc
Banc, au sens de « siège »
Banc, dont la consonne finale est muette, vient du germanique où il avait le sens de « siège allongé ». En français, on l’emploie aussi dans ce sens, et plus particulièrement pour désigner un siège réservé à diverses catégories de personnes (banc des ministres, des avocats, des accusés, etc.).
- J’ai trouvé ce roman sur un banc public.
- Il s’est retrouvé une fois de plus au banc des accusés.
Banc, au sens de « bâti »
Par analogie, banc se dit aussi d’un bâti, d’un assemblage de montants et de traverses; de ce sens résulte l’expression figurée banc d’essai, qui signifie « ce par quoi on met à l’épreuve ».
- Le menuisier assemblait les pièces de bois sur son banc.
- Notre moteur a été longuement testé sur le banc d’essai.
Banc, au sens d’« accumulation »
Banc peut désigner une accumulation, une masse de matière formant une couche horizontale, notamment dans les locutions banc de sable, banc de coraux, banc de neige et banc de poissons.
- Le chalutier qui poursuivait un banc de poissons a fini par s’échouer sur un banc de sable.
- Un de ses plus beaux souvenirs est celui des glissades qu’il faisait sur les bancs de neige entourant la maison de son enfance.
Plusieurs mots partagent une origine commune avec banc : bancal, banque, banqueroute, banquet, banquette, saltimbanque, etc.
Banc : calques de l’anglais déconseillés
- banc de scie (calque de bench saw; à remplacer par scie d’établi, scie à/sur table ou plateau de sciage)
- être sur le banc (domaine du droit, à remplacer par être magistrat ou siéger au tribunal)
- monter sur le banc (domaine du droit, à remplacer par accéder à la magistrature, être nommé juge)
- jugement rendu sur le banc (domaine du droit, remplacer par sans délibéré, séance tenante)