
Expressions formées avec après
La préposition après est parfois employée après certains verbes comme être, accrocher, attendre, courir ou crier, dans des contextes où d’autres prépositions ou formulations pourraient être préférables. Sans nécessairement être incorrects, ces emplois sont déconseillés dans un style soigné, surtout à l’écrit.
En effet, de telles constructions n’appartiennent pas, de nos jours, à la langue standard. Plusieurs sont associées, par exemple, à des emplois de après aujourd’hui sortis de l’usage général ou absents des dictionnaires usuels.
Être après (« être en train de »)
La locution verbaleEnsemble de mots ayant la même valeur syntaxique qu’un verbe simple. Par exemple : prendre part, avoir faim, tenir bon, faire chaud. être après, utilisée pour parler d’une action en cours d’exécution, est souvent considérée comme vieillie ou familière. Elle est ainsi critiquée dans plusieurs ouvrages de référence. On écrira plutôt être en train de, suivi d’un verbe à l’infinitifMode exprimant de façon générale l’action ou l’état désigné par le verbe. Les verbes à l’infinitif ne se conjuguent pas. Par exemple : danser, sourire, devenir..
- Le gouvernement est en train de modifier plusieurs décrets. (de préférence à : est après modifier)
- Elle était en train de travailler quand nous sommes arrivés. (de préférence à : était après travailler)
Notons que la tournure être à, de même sens, est quant à elle tout à fait correcte.
- Les étudiants et étudiantes sont à rédiger leur thèse.
- La médecin est à examiner son patient.
Être après (« s’en prendre à »)
La tournure être après, pour exprimer l’idée de s’en prendre à une personne, ou encore de l’importuner, est déconseillée dans la langue soignée, étant jugée familière. Selon le contexte, on emploiera plutôt s’en prendre à, s’attaquer à ou tout autre équivalent approprié.
- Son petit frère s’en prend parfois à elle; quand il le fait, la fillette riposte. (de préférence à : est parfois après elle)
- Sam était triste : il avait l’impression que tout le monde s’attaquait à lui. (de préférence à : était après lui)
- Elle est chanceuse : les moustiques ne l’incommodent pas beaucoup l’été. (de préférence à : ne sont pas beaucoup après elle)
Après avec accrocher, grimper, laisser, etc.
La préposition après figure parfois dans des contextes où les prépositions à, dans ou sur sont de mise, par exemple avec accrocher, grimper ou laisser, avec des verbes de sens voisin ou encore dans d’autres emplois. Ces constructions avec après sont jugées familières.
- Dès qu’il franchit la porte, il accroche sa veste au portemanteau. (de préférence à : après le portemanteau)
- La petite Caroline aime beaucoup grimper aux arbres. (ou : dans les arbres; de préférence à : après les arbres)
- Il m’arrive souvent de laisser mes clés sur la porte. (de préférence à : après la porte)
- Tu devrais te changer : il y a une tache sur ton pantalon. (de préférence à : après ton pantalon)
Attendre après
La formulation attendre après est le plus souvent considérée comme vieillie, familière ou même populaire. Elle est toutefois admise dans certains ouvrages lorsqu’elle exprime une idée de colère, de nécessité ou d’impatience. En l’absence de consensus, on privilégiera, en contexte neutre ou soutenu, la construction sans préposition.
- Encore une fois, nous avons attendu Jules pendant près d’une heure! (de préférence à : nous avons attendu après Jules)
- J’attends ma filleule; nous irons magasiner ensemble. (de préférence à : J’attends après ma filleule)
- Les analystes attendent les dernières statistiques pour terminer le rapport. (de préférence à : attendent après les dernières statistiques)
Courir après
Emploi correct
La construction courir après quelqu’un ou courir après quelque chose est couramment utilisée. Elle est correcte lorsqu’elle évoque une idée de poursuite.
- Hier, nous avons couru après une dame qui avait échappé son portefeuille sur le trottoir sans s’en rendre compte.
- J’ai couru après l’autobus quelques secondes avant de me résigner à prendre le suivant.
Emplois déconseillés
La construction courir après connaîtSelon les rectifications de l’orthographe, on peut aussi écrire : connait. divers emplois figurés, jugés familiers dans plusieurs ouvrages de référence. Dans la langue soignée, il est préférable de les éviter. On peut les remplacer entre autres par chercher, rechercher, aller au-devant de, selon le contexte.
- Ce journaliste cherche un bon sujet d’article. (de préférence à : court après un bon sujet d’article)
- La banque avait longtemps recherché ce client, qui avait changé d’adresse. (de préférence à : avait longtemps couru après ce client)
- Il avait à l’époque l’habitude d’aller au-devant des ennuis. (de préférence à : de courir après les ennuis)
- À l’époque, plusieurs prétendants tournaient autour d’elles. (de préférence à : couraient après elles)
Crier après
Les constructions crier contre quelqu’un et crier après quelqu’un, exprimant l’idée de colère, figurent toutes deux dans les dictionnaires, mais plusieurs y voient une différence de registre. La formulation avec la préposition après est souvent considérée comme familière. On privilégiera donc l’emploi de contre dans un registre neutre ou soutenu.
- La conductrice a dû se retenir de ne pas crier contre ces chauffards. (de préférence à : de ne pas crier après ces chauffards)
- Nos anciens voisins criaient constamment contre leur chien. (de préférence à : criaient constamment après leur chien)
Après employé dans d’autres tournures exprimant la colère
Diverses expressions construites avec après (suivies d’un complément désignant une personne) servent à exprimer la colère : être fâché après, être furieux après, se fâcher après, s’emporter après, etc. Celles-ci sont considérées comme familières. Il est ainsi déconseillé de les employer dans la langue soignée, particulièrement à l’écrit.
- Il croyait, à tort, que David était furieux contre lui. (de préférence à : était furieux après lui)
- Sa petite sœur avait tendance à s’emporter contre elle. (de préférence à : à s’emporter après elle)
Après non suivi d’un complément
Dans la langue populaire, après est parfois utilisé sans être suivi d’un complément, alors que le sens du verbe en exigerait un. Cet emploi est critiqué et est particulièrement déconseillé.
- J’ai décidé de ne plus l’attendre. (et non : de ne plus attendre après)
- Ça ne sert à rien de crier contre moi. (et non : de me crier après)
- Il a couru après lui pour essayer de le rattraper. (et non : Il lui a couru après)